Création de projet de décor peint : Principes fondamentaux
Le savoir faire du peintre en décor est au service du contexte et non l’inverse.
Par Joëlle Godefroid

Ce qui fait la qualité d’un décor peint, qu’il soit sobre ou complexe, discret ou fastueux, c’est la capacité de sa composition, dans le respect des désirs du commanditaire, à s’intégrer parfaitement au lieu pour lequel il est destiné, à le valoriser par son atmosphère, son charme et raffinement, à procurer bien être et satisfactions visuelles  par le juste équilibre des proportions et harmonie de couleurs, comme de valeurs.

En d’autres termes, la compétence technique, aussi époustouflante soit-elle, n’en impose que par l’intelligence, l’originalité (voire la spiritualité), enfin l’évidente opportunité de sa proposition. De même, un décor savant n’est savoureux que s’il qui sait combiner la force à la délicatesse, l’audace à l’élégance.

La première des règles à suivre est de prendre garde à éliminer l’idée éculée, et pire encore, le plagiat du travail d’autrui*.  Car non seulement, c’est la preuve d’un manque d’envergure personnelle, mais en plus, cela ne flatte et rassure que l’œil de l’ignorant.

Et surtout, prendre garde à ne pas seulement se laisser charmer par la saveur d’une belle harmonie de tons et de valeur -encore que ce soit déjà une belle performance-, car c’est de la qualité de l’inspiration, du concept, ainsi que d’une composition structurée et puissante, que nait  l’heureux fruit du mariage de l’intelligence et de la compétence.

La technique est au service du projet, de l’élégance et de l’harmonie de sa composition.
Il faut donc :

– Se méfier de l’anecdote, qui peut absolument anéantir par son incongruité, la force et l’équilibre de la structure. Je ne dis pas qu’il faille se l’interdire. Mais il est dans la composition comme dans l’harmonie des couleurs, l’audace ne paie que dans la cohérence.

– Éviter que la prouesse technique ou démonstration de savoir-faire soit l’unique but de votre ouvrage (l’ivresse de l’effet est mauvaise conseillère), éviter la provocation calculée pour se faire valoir, et particulièrement, la surenchère **, qui est la pire de toute. Peut-être ainsi impressionnerez-vous le béotien, mais à coup sûr, vous offenserez l’œil averti.

Enfin, pour acquérir la liberté d’expression, que seule donne l’expérience,
préférer l’ardu cheminement d’un travail rigoureux.
Car les solutions de facilités et la médiocrité font bon ménage.

Joëlle Godefroid, Meilleur Ouvrier de France

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* A ne pas confondre avec l’exercice d’atelier ou d’apprentissage, qui consiste justement à intégrer la connaissance par copies et répétitions.
**« Toute exagération est nuisible. Dans le meilleur des cas, l’exagération est intéressante » ‘Le Maître du Goût’ de Léa Singer.