La peinture murale

UNE ÉTUDE PASSIONNANTE SUR LE DÉCOR PEINT

(extrait de IN SITU revue des patrimoines)

État des lieux du patrimoine de décor peint en pays de Loire, du médiéval à nos jours,
répertoriant plus de 3600 œuvres publiques et privées.

Des orientations pour la recherche et la valorisation de la peinture murale :

(…) En matière de peinture murale, l’hypothèse d’un projet de recherche global bute immédiatement sur l’ampleur considérable du corpus établi. Il apparaît donc indispensable d’établir des cadres pour délimiter le champ des futures investigations dans ce domaine. Du nombre confronté au type et au sujet d’étude se dégage un premier panel de propositions de recherche. La quantité d’œuvres repérées doit en effet être suffisamment élevée pour assurer la représentativité de l’étude. À l’inverse, certaines œuvres, d’ordre exceptionnel ou emblématique, peuvent également être abordées dans le cadre d’une étude particulière.

L’analyse des résultats de la prospection a mis en évidence des répartitions chronologiques et territoriales diverses. Parfois une période historique ou un secteur géographique spécifique est concerné, parfois la thématique englobe l’ensemble de la période ou du territoire. Dans certains cas, l’étude s’attache à un aspect local et dans d’autres elle touche à des problématiques actuellement à la pointe de la recherche en France ou en Europe. Elle peut être également menée en complémentarité avec des travaux engagés dans d’autres domaines. Enfin, la prospection a fait émerger un thème de recherche inédit : le monument aux morts de la paroisse. Assurément, les résultats de ces futurs travaux participeront au développement culturel, scientifique, pédagogique, économique et touristique des Pays de la Loire.

La Région des Pays de la Loire a identifié la peinture murale comme un sujet patrimonial prioritaire et agit en conséquence. Ainsi, elle a mené à son terme l’étape de la prospection pour établir et analyser le corpus des peintures murales repérées. Elle engage dès à présent le second volet de l’opération par la détermination de thèmes de recherche approfondie d’intérêt régional, la programmation de certains d’entre eux et l’établissement de partenariats avec les collectivités territoriales et les institutions intéressées par ces projets.

La médiation constitue un atout pour la recherche scientifique. Il est possible de la conduire de manière à ce que le public puisse s’approprier rapidement ce patrimoine malgré la durée pluriannuelle de certains volets de l’étude. La variété des moyens : oral, écrit, exposition et surtout multimédia dont les vastes possibilités sont adaptées aux spécificités de la peinture murale et à la diversité des publics, permet dans certains cas d’entreprendre la valorisation dès le commencement des études et de placer le public dans un rôle d’acteur ou de collaborateur de la recherche scientifique.

Les onze propositions de recherche scientifique sont présentées sans ordre préférentiel suivant la thématique, le topographique, le chronologique et enfin l’emblématique ou l’exceptionnel.

L’homme et l’espace : la peinture murale ornementale

L’ornement occupe une place essentielle dans la peinture murale. La prospection a repéré sa présence dans les deux tiers des fiches (1 639 occurrences) quels que soient l’époque historique ou le territoire géographique. Le décor ornemental utilise des motifs inspirés de la géométrie, du monde végétal ou de l’architecture. Malgré son importance quantitative, il reste discret visuellement, alors qu’il tient un rôle essentiel pour la structuration du décor et pour souligner les lignes de force de l’édifice. L’un des objectifs de l’étude est une meilleure connaissance d’une part de l’ornement trop souvent relégué à un rôle annexe (fig. n°17), d’autre part des processus de mise en place des programmes peints et de l’organisation des décors dans l’architecture dans lesquels l’ornement tient un rôle prépondérant. Au-delà, elle permet de mieux comprendre l’action de l’homme sur l’espace architectural.

La flore et le paysage

De la fleur stylisée servant d’ornement au paysage réaliste ou onirique, les prospecteurs ont très souvent rencontré l’élément végétal (fig. n°18). Près de 1 000 fiches, qui se répartissent sur l’ensemble du territoire régional, contiennent un décor ornemental à base végétale et plus de 300 fiches signalent une représentation de paysage. Toutes les périodes historiques sont concernées : le végétal symbolique à la période romane ; le passage de la stylisation à la manière réaliste à la période gothique ; l’apparition du paysage et de la scénographie à l’époque moderne ; les paysages réels ou rêvés de l’époque contemporaine.
L’étude précise les différentes facettes de la relation que l’homme entretient avec la nature : relation spirituelle, symbolique, ou esthétique. Par ailleurs, cette approche pourrait être mise en parallèle avec l’étude en cours sur les parcs et jardins historiques créés dans la région.

Le Graf : de la revendication identitaire à la commande institutionnelle

La prospection a permis de repérer les dernières « réclames » peintes subsistant le long des routes (184 occurrences). Toutefois, leur étude ne paraît sans doute plus envisageable, du fait de leur état de délabrement avancé et du peu de variété de marques commerciales représentées. Le graf, en revanche, apparaît comme un thème d’étude prometteur (voir fig. n°5, 6 et 7). Les prospecteurs n’ont pas été en mesure de relever la totalité des grafs en raison du temps imparti qui les empêchait de parcourir tous les lieux et rues susceptibles d’en présenter. Malgré ce handicap, une centaine de fiches montre déjà une créativité évidente. Par ailleurs, une évolution fondamentale est perceptible dans le passage du graf contestataire revendiquant une identité individuelle au graf institutionnel – expression employée par l’un des prospecteurs – issu de commandes officielles de plus en plus fréquentes.

L’étude rend compte, d’un côté de l’effort des institutions pour canaliser un mouvement individualiste au profit de la collectivité, au moment où cette création artistique commence à être reconnue et intégrée par le milieu de l’art contemporain et des musées, de l’autre de la création individuelle qui affiche sa liberté d’expression dans l’espace public. Elle offre aussi une opportunité de sauvegarde d’un patrimoine immatériel, au moment d’une mutation vécue par ce milieu de production d’œuvres éphémères.

Le décor privé des demeures de notables

Suivant les prescriptions du cahier des charges, les prospecteurs ont rendu compte d’une manière partielle de l’ampleur des décors intérieurs des demeures privées. Cependant près d’une centaine de peintures murales de l’époque moderne, conservées dans des châteaux, des manoirs ou des maisons bourgeoises, a d’ores et déjà été relevée sur l’ensemble du territoire régional. Ce nombre laisse augurer une grande richesse en ce domaine et des découvertes à venir au fur et à mesure de l’ouverture d’autres demeures (fig. n°20).

Le répertoire thématique est varié, de l’ornemental privilégiant la flore aux images morales. La période contemporaine s’avère aussi intéressante : les styles « néo » marquent la production architecturale et artistique du XIXe siècle et la créativité du XXe siècle laisse envisager de belles réalisations à découvrir.

L’un des enjeux de cette recherche est de déterminer dans quelle mesure les mouvements artistiques de la fin du XIXe et du XXe siècle, qui ont révolutionné la peinture dite de chevalet, auront touché la décoration peinte des demeures privées dans lesquelles la tradition du goût est une composante forte. Par ailleurs, la mise en place de cette étude aura à tenir compte de la volonté de discrétion de la part des propriétaires de ces œuvres.

Le monument aux morts de la paroisse

La prospection des peintures murales des Pays de la Loire a permis la découverte d’une réalité ignorée : le monument aux morts de la guerre de 1914-1918 de la paroisse. Dans une région durablement marquée par la loi de séparation de 1905, les autorités religieuses ont souvent dressé à l’intérieur des églises la liste des paroissiens tombés au champ d’honneur de la Première Guerre mondiale.

Répétitif à cause de la standardisation des stèles en plâtre moulé, fabriquées notamment à Nantes et à Angers, ces monuments aux morts de la paroisse présentent d’incontestables créations de premier ordre en peinture murale (fig. n°21).

Tandis que les communes dressaient des monuments aux morts sur la place publique, un autre monument a été peint dans 43 paroisses, situées dans les cinq départements de la région des Pays de la Loire. La réalisation de cette étude régionale permet de préparer une facette des célébrations du centenaire du déclenchement de la Grande Guerre qui auront lieu en 2014.
L’étude de ces œuvres peut ouvrir sur les créations réalisées dans d’autres techniques artistiques (vitrail, sculpture…etc).

Atelier de peinture décorative

Joëlle Godefroid, Bernard Barbier et Firmin Biville.
Conception, réalisation de décors peints,
restauration et dorures.

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