
Restauration de décors peints
RESTAURATION de décors peints
Des décors néoclassiques, Néogothiques, sur plafonds, murs, boiseries ou meubles peints : trompe l’œil, motifs et ornements, faux marbres et faux bois
Les retouches qu’elles soient de faux bois, faux marbre, trompe l’œil, ou des reprises partielles sont toujours possibles pour restaurer des décors altérés.
Que ce soit sur nos décors ou non, il est de plus en plus fréquent que l’on fasse appel à notre atelier pour des retouches de décors peints de faux bois et de faux marbres, des retouches sur des décors de trompe l’œil suite à dégâts des eaux, dégâts accidentels, ou sur des décors anciens endommagés, intervention délicate qui nécessite de l’expérience, tant au niveau des couleurs que de la copie. Il faut en effet restituer les tons, l’aspect du décor, et le cas échéant, imiter la « main » du peintre pour que les retouches, reprises partielles ou en totalité, s’intègrent harmonieusement.
La restauration de décors peints, partie intégrante du métier de peintre décorateur, est aussi très instructive, puisqu’elle permet d’analyser et d’appréhender la technique et l’univers d’un autre décorateur; ce qui ne lasse pas de nous passionner. Nous sommes donc enchantés de ce que les commandes ne cessent d’affluer.
Par Joëlle Godefroid, Meilleur Ouvrier de France
A quand remonte le décor peint et le métier de Peintre en décors?
Sur ce sujet, les théories les plus diverses peuvent être lues. Cependant, je n’ai encore pu découvrir aucun historien des styles sur qui s’appuyer.
Il ne faut pas prendre toutes les peintures murales pour des peintures à but décoratif. Aussi magnifiques soient-elles à nos yeux, la fonction des peintures propitiatoires des grottes de la préhistoire, telle Lascaux, ou celles, à caractère sacré* des tombeaux égyptiens, temples incas ou églises, n’a qu’un très lointain rapport avec la seule finalité d’ornement et d’agrément du trompe l’œil et de la mise en valeur d’un intérieur.
Nous savons, grâce à la découverte** de mobiliers peints en décors, que quelques milliers d’années avant notre ère, dans l’Égypte ancienne, l’imitation décorative fut en vogue et très au point. Il est aussi désormais évident que c’est par l’héritage culturel des Égyptiens que la civilisation Grecque adopte la pratique du décor mural, dans les villas patriciennes par exemple, et la transmet à son tour aux Romains.
Au moyen âge, la plupart des décors peints sont consacrées à la glorification chrétienne et à l’édification des croyants. C’est seulement au trecento, en Flandres et en Italie, que renait l’art profane, comme celui du portrait.
Fin XVe siècle en Italie -quatrocento-, la redécouverte de l’antiquité remet au goût du jour les arts et lettres des Romains. A Florence, à Rome, outre les architectes et les sculpteurs, les peintres (Ghirlandaio, Botticelli, Michel ange, Raphaël,… etc) qu’inspirent la culture gréco-romaine, les fresques de Pompéï, d’Herculanum, et les lois de la perspective, ornent les palais de somptueux décors peints -voir ci dessus : Sous l’égide du pape Jules II, qui orchestre la « restoratio » et « renovatio » de la grandeur de la Rome Antique, née sous le pinceau de génie de Raphaël, entre autres le « grand genre » ou peinture d’histoire, mais aussi la peinture décorative, notamment le très connu décor de grotesque de la logetta du Vatican***. Ces œuvres de la renaissance Italienne seront aussi une source d’inspiration pour la renaissance Française et pour toute l’Europe.
Il semble qu’à cette époque, le peintre, aussi fameux fût-il, était considéré à l’égal des autres corps de métier manuel, c’est à dire comme un artisan; aux grands ou petits maîtres étaient faites des commandes aux exigences extrêmement précises (définition de la scène, du nombre de personnages, d’objets, de l’or et couleurs utilisées, ainsi que leurs poids, …etc ). Bien qu’après la Renaissance, à la faveur de leur succès, ils obtiennent le statut privilégié d’artiste, les peintres, qu’ils soient Flamands, Italiens, Espagnols, ou Français, sont restés des courtisans attachés de façon exclusive à un riche mécène.
Durant les trois siècles suivants, les cours d’Europe ayant à cœur d’éblouir -autant que d’améliorer leur confort- vont rivaliser dans l’art de bâtir et d’orner. Des désirs, voire des caprices royaux sont nés les plus grands styles, ainsi que tous les précieux métiers d’arts qui participent à leur édification. Dans tous les domaines de l’art, de générations en générations, s’accumulent et se transmettent l’expérience, la compétence, et l’ingéniosité de nouvelles créations de décors peints dont les nobles raffolent.
Dès le début du XVIIIe siècle, à la fin du règne de Louis XIV, la noblesse de cour, lasse de la rigidité de l’étiquette, aménage des hôtels particuliers parisiens d’un luxe raffiné et frivole, dans lesquels s’épanouissent les plaisirs de »faire salon », bientôt copiés à moindre échelle, par une bourgeoisie subitement parvenue. Ce contexte particulièrement favorable fait fleurir les métiers d’art, et la créativité artistique. C’est à cette époque par exemple, qu’est créé l’art des papiers peints, dont les manufactures sont encore célèbres (Réveillon, Zuber), afin de démocratiser les « panoramiques » par un moindre coût.
A la 2e moitié du XVIIIe siècle, grâce aux voyages d’études d’hommes de l’art à Rome et en Grèce, le renouveau de la passion pour l’antique, le néoclassicisme, qui perdure jusqu’à l’Empire avec le goût Pompéien, maintient une certaine activité artistique et artisanale, malgré les difficultés économiques.
Au XIXe siècle, sévit la mode de reproduction ou recréation des grands styles du passé (Décor peint du Palais Garnier, salle Charles X du Musée du Louvre, cathédrale de Clermont Ferrand, « grammaire des style »**d’Owen Jones). D’un côté, la protection – entre autres par M. Prosper Mérimée- et la « restauration » du patrimoine (château de Pierrefonds, de Blois par Violet le Duc, grand salon de l’Hôtel de Toulouse, actuelle Banque de France, Abbaye de St Savin****…), de l’autre, l’émergence d’une société bourgeoise enrichie désireuse de reproduire dans ses demeures et appartements, les fastes des décors peints d’autrefois, ont favorisé l’éclosion du métier de peintre en décors; métier distinct du peintre de chevalet, non sans que certains artistes ne réalisent encore des décors peints, dont certains sont célèbres ( Degas, Delaunay, Matisse…). Puis, l’engouement allant croissant, s’ouvrent les premières écoles spécialisées ( Ecole Van der Kelen, Bruxelles).
Le XXe siècle, grâce à l’enrichissement, la meilleure connaissance et le respect du patrimoine bâti, a enfin différencié les interventions picturales propres aux techniques de restauration -des oeuvres et du patrimoine classé « monument historique »-, des créations ou rénovations de décors peints. Il a aussi réussi, bon gré mal gré, à préserver les précieux métiers d’arts, héritiers du passé, qui font notre richesse et notre gloire.
Le décor peint a désormais conquis une large audience ; émissions télévisuelles et magasines de décoration grand public, façades peintes en trompe l’œil, et bien sûr, décoration peinte des hôtels, appartements, restaurants et boutiques. Les peintres en décors d’aujourd’hui peuvent tout aussi bien être appelés à intervenir dans des réalisations de prestige, dans la réhabilitation du patrimoine, dans les projets de décoration de l’architecte d’intérieur, que pour leur propre clientèle.
* L’art est d’abord considéré comme sacré si sa destination est un lieu sacré, si elle prend place dans un espace public reconnu comme sacré, c’est-à-dire ayant une valeur symbolique qui le distingue de l’espace profane, séculier, destiné au temps quotidien du travail ou de la vie privée, dans lequel l’art profane sert l’agrément ou le divertissement.
** cf. article « le décor, au temps des pharaons », ci dessous
*** « L’homme en jeu : les génies de la Renaissance » D. Arasse, Bibl. Hazan
**** La restauration au XIXe siècle, encore à ses balbutiements, a laissé libre cours à des interprétations peu rigoureuses qui choquent, ou amusent, même le touriste le moins averti. Les restaurations de cette époque, aussi malencontreuses ou fantaisistes soient-elles, faisant partie intégrante de l’histoire, ont aujourd’hui à ce titre, autant de légitimité, et sont donc classées et restaurées avec autant de soin.