Ornement peint en trompe l’œil

Réalisation inspirée d’une grotesque du XVIIIe siècle aux couleurs douces à l’italienne,
avec animaux fantastiques, vasque, végétaux fleuris, rubans et pendentifs

 Les Grotesques

  L’écriture des grotesques

            Dans le Proemio qui introduit aux trois arts du dessin, et qui précède le récit des « vies », Vasari consacre, dans la partie qui traite de la peinture, deux chapitres aux grotesques : le chapitre XII, sur les « graffitis » utilisés pour la décoration des façades (telle celle du palazzo dei Cavalieri, à Pise, peinte par Vasari lui-même en 1562) et sur le procédé utilisé pour faire des grotesques à fresque (come si lavorino le grottesche nelle mura) ; et le chapitre suivant, consacré aux grotesques en stuc, c’est-à-dire ciselés en léger relief. Ces deux chapitres font suite au chapitre XI, consacré aux arcs de triomphe dressés lors des fêtes publiques, entrées princières ou mariages royaux, et sont eux-mêmes suivis par un court chapitre consacré aux techniques de la dorure et à ses ornementations.

Les grotesques, qui ont pour vocation d’agrémenter le cadre de l’œuvre, plutôt que de constituer une œuvre à part entière, sont donc eux-mêmes encadrés par un art de l’éphémère, celui du décor de la fête, et par les techniques de dorure héritées des anciens enlumineurs, aujourd’hui surtout employées, précise Vasari, « pour le décor des selles, les arabesques et certains ornements » (I, 186).

Ainsi est-on enclin à considérer, comme le suggère cet encadrement, l’art des grotesques comme un art mineur, tel le trompe l’œil d’un décor de bois ou de plâtre qui donne l’illusion d’être de marbre ou de bronze (les architectures de théâtre qui embellissent provisoirement la ville pour la venue des princes) ou telles les décorations dorées à la feuille, œuvres selon Vasari de l’orfèvre, simple artisan, plutôt que de l’artiste peintre. Art de l’accessoire et du bas-côté, les grotesques s’apparentent à l’illusion de la fête, sorte de parenthèse enchantée dans le calendrier des travaux et des jours, ou à la technique de la dorure dont l’un des usages qui intéresse le plus directement les peintres consiste précisément à embellir le cadre ouvragé du tableau. Pourtant, loin de manifester du mépris pour l’art des grotesques, Vasari le considère au contraire comme un exercice de style qui permet d’éprouver le génie de l’uomo virtuoso : « Ces compositions demandent de la hardiesse, une forte définition graphique et un beau style enlevé (forzà, vivacità e bella maniera). Leur expression vigoureuse doit révéler l’art sans sentir l’effort »