Imitation de bois, technique et historique
Cours de Joëlle Godefroid (professeure de 1989 à 2016)
AVANT PROPOS :
La catégorie la plus dépréciée de notre métier, c’est incontestablement le « faux bois ». Sans doute, cette mauvaise opinion s’est-t-elle forgée au vu des trop nombreuses réalisations médiocres, voire repoussantes. Évidement aussi parce que la mise en œuvre laisse peu d’espace à la créativité. Rigueur, patience, exigence; pas de quoi soulever l’enthousiasme! Pourtant, durant les années où j’ai enseigné cette matière, j’ai vu éclore de vraies passions. Car le modèle est noble et les exemples de superbes réalisations de menuiseries et d’ébénisteries, innombrables. Ne reste qu’à leur rendre justice.
J’aimerais communiquer l’amour du faux bois en partageant quelques conseils que j’ai mis au point petit à petit et d’apporter quelques lumières sur ce beau métier de peintre en décors qui fascine tant et reste encore si méconnu. Mais prenez garde, si l’idée générale, aussi véhiculée par les médias, est qu’être peintre en décors est un métier de dilettante, facile à apprendre et aisé à pratiquer, en réalité, bien au contraire, le nombre de compétences et qualités nécessaires pour faire un parfait professionnel est absolument vertigineux.
Vous vous en doutez, le métier de peintre en décor est un métier d’engagement et de passion. Et tout comme le sport, il est plus aisément maîtrisé à partir d’un bon apprentissage de base, puis un entraînement constant et l’ambition de toujours s’améliorer.
Pour l’inspiration, tous les livres et manuels, quels que soient les défauts qu’on leur trouve, aussi divers ou contradictoires soient-ils quant aux méthodes préconisées, sont des outils de travail précieux. Le peintre en décors, au-delà des difficultés et les revers qu’il rencontre inévitablement, gagne à de l’ouverture d’esprit, du partage convivial et de la modestie, sans lesquels il n’est nul épanouissement, ni joie. Il faut tout envisager sans limites, afin de mieux adapter ses choix techniques et décoratifs au contexte dans lesquels ils s’inscrivent.
Ainsi, plus riches et variés sont le vocabulaire et la culture, plus nourries sont ses créations.
« La simplicité, c’est la difficulté résolue » Eric Emmanuel Schmidt
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I. IMITATION DE BOIS : Qualités et défauts
Règles de base
Règles de base
Ce qui compte avant tout c’est le charme de la composition en trompe l’œil.
« L’imitation est comme une mélodie, il lui faut des temps forts et calmes » M. Lefumat
« Imiter n’est qu’une partie du résultat à obtenir,
C’est à décorer en imitant qu’il faut parvenir » Cl.Van Der Kelen
Cela veut dire qu’il faut modifier la nature pour réaliser composition harmonieuse, subtile et élégante.
Qualités dès le premier regard :
L’élégance de la forme et du positionnement de la ronce
La vraisemblance de la couleur
Des reflets divers et suggestifs
LA REGLE EST :
De varier intensité, valeur et rythmes, que ce soit pour les dessins de veinages de la ronce comme pour l’aspect coloré et les effets moirés.
*à ne pas faire
I. POUR LE DESSIN DE LA RONCE (brécheur ou éventail), il faut :
– dessiner un veinage rond et dentelé, légèrement trembloté * carré * saccadé
– colorer avec délicatesse mais accentuée par endroits pour faire chanter la composition *ton uniforme ou *contrasté
– superposer les veinages en les serrant ou les écartant à volonté *rythme régulier
– faire tourner l’axe en modifiant les formes des veinages *dessin répétitif
– affiner en montant les veinages *emboîtements en » poupées russes »
II. POUR L’ACCOMPAGNEMENT (brécheur), il faut :
– juxtaposer un fil cohérent en le galbant suivant la forme de la ronce,*sans raideur *ni mollesse
– bien les raccorder au veinage * raccords visibles
– de tons subtilement plus foncé mais vibrants *ton plat*ou brutal
– redresser le fil du bois sur l’extérieur * superposition égale
III. POUR LE REGLACAGE, il faut :
– une couleur vraissemblante, nuancée de tons chauds et froids *ton plat et uni
– balancer les valeurs pour créer des volumes et corriger les défauts de l’ébauche *zones trop claires ou foncées
– poser les reflets ou effets dont les valeurs sont en correspondance avec les dessins de la ronce, *trop fort * trop léger
– varier les types d’effets et leur importance *mêmes effets
– disposer les effets de part et d’autre de la ronce à cheval entre le fil et la ronce, sans trop charger, de préférence en quinconce * trop d’effets
II. PRESENTATION DU BOIS
IDENTIFICATION DE L’ARBRE.
Dès la préhistoire, l’homme s’identifie à l’arbre, y puise ses racines, y forge ses croyances.
La tradition biblique affirme qu’à l’origine des temps, l’arbre fut crée le 3e jour avant la naissance de l’homme et de la femme. Depuis l’ère primaire, l’arbre est sous toutes les latitudes et longitudes, des steppes boréales au sahel africain. Quelle que soit la qualité du sol ou celle de l’eau, il constitue l’essentiel de la flore terrestre.
L’arbre à graine, capable de se semer et d’assurer ainsi la survie de son espèce, groupé ou isolé, des plaines ou des montagnes, est un abri et un aliment, mais aussi du matériau indispensable. La flore de ses forêts est entre autres aussi une source de pharmacopée. Enfin, il participe par maints bienfaits à l’environnement du village et de ses habitants. Jusqu’au centre du village, où l’arbre isolé, symbole d’immortalité, de tranquillité, ou encore gardien des cimetières, orne et ombrage. Dès que les villes commencent à se développer, l’homme asservit la forêt à ses besoins. Les grands projets religieux, militaires ou civils, mais aussi la marine et l’industrie naissante exigent du bois de chauffage et de construction.
Matériau noble, le bois est choisi aussi pour exprimer art et habileté.
STRUCTURE DU BOIS :
L’arbre est de la famille des phanérogames (plante donnant naissance à des fleurs et se reproduisant par des graines), d’une substance inhomogène (corps ligneux constitué de rayons médullaires, de vacuoles et de membranes cellulaires), gymnosperme (conifère) ou angiosperme (feuillus).
Le bois est la partie ligneuse de l’arbre.
Les cernes annuels
Chaque année l’arbre grandit, tant en diamètre qu’en hauteur. A partir du cambium se développe une nouvelle couche de bois qui enveloppe le tronc. Le cambium, ou bois initial, est un tissu cellulaire qui apparaît au printemps. Le libère, bois d’été ou bois final, produit d’une croissance plus lente, est à l’origine des cernes annuels visibles sur une coupe transversale.
On les distingue tout particulièrement sur les conifères et les feuillus à bois tendre (chêne, châtaigner, frêne, orme). Sur la coupe transversale, on voit une série de cernes concentriques, dont le nombre détermine les années de l’arbre. De la dureté et la compacité de ces couches dépendent la résistance du bois et la variété de son dessin. Au centre, la moelle, puis le duramen, bois dur et foncé, parce que plus vieux, vers l’extérieur, l’aubier, plus clair et plus tendre, progressivement ou non, à l’extérieur l’écorce.
L’aubier est un bois imparfaitement formé qui n’acquiert de la solidité qu’avec le développement de l’arbre et à fur et à mesure que celui-ci vieillit. On prend ordinairement soin, à l’équarrissage des arbres, d’écarter l’aubier sauf pour certaines essences (bois fruitiers).
Les bois tropicaux qui ne sont pas soumis à des arrêts de croissance liés au climat, n’ont pas de cernes annuels, mais des zones de croissance légèrement distinctes ; ainsi, on ne peut ni distinguer les bois de printemps et bois d’été, ni déduire l’âge de l’arbre.
CHOIX DECORATIF DES BOIS
Le menuisier classe les bois comme suit (liste non exhaustive):
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Bois dur : chêne, châtaigner, orme, noyer, hêtre, frêne.
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Bois blanc : peuplier, tremble, aulne acacia, bouleau, tilleul platane, charme, érable, marronnier.
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Bois fruitier : sorbier, poirier, pommier, alisier, cornouiller, buis, cerisier, prunier, olivier.
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Bois résineux : tous les différents pins, sapin, mélèze.
- Bois exotiques : acajou, ébène, gaïac, palissandre, thuya, pitchpin, teck
Principes de base en boiserie :
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Pour des raisons de solidité, le fil du bois est parallèle à la planche et jamais en biais, encore moins de bout. De même, la ronce est dans le sens de la longueur de la planche.
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Pour la même raison, les planches à nœuds sont rejetées.
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Si la planche est belle, et qu’il s’y trouve malgré tout un nœud, il est, ou atténué par divers traitements, ou éliminé et remplacé par une partie de bois en harmonie avec l’ensemble.
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Pour l’harmonie de l’ensemble, les planches sur lesquelles les contrastes sont trop durs entre les parties claires et foncées sont écartées (sauf au XXe siècle ; style art déco, par exemple). La règle est différente en marqueterie, où l’on recherche au contraire des effets divers.
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Sur une planche de boiserie, la partie large de la ronce est placée en bas.
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Les planches de ronces sont choisies les plus semblables et équilibrées possible, voire même en dédoublés, et sont placées avec un souci de créer un bel ensemble. L’esthétique privilégie l’unité générale ; les espèces de bois ne sont pas associées en mélange des genres. (Exemple : ne sont pas juxtaposés, un acajou femelle avec un moucheté ou un moiré)
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Les traverses sont maintenues par les montants.
Le peintre en décors différencie le bois de fil*, aux veinages* plutôt droits et parallèles, de la ronce, succession de nœuds entourés de veinages*, que relient des raccords. Les veinages sont les cernes du bois ; si l’on observe un tronc d’arbre coupé transversalement, on remarque des anneaux de plus en plus grands, du cœur à l’écorce, qui permettent de donner l’age de l’arbre. Ils sont appelés cernes, formés du cambium, partie claire formée au printemps, et du liber, partie foncée de l’hiver, et leur rythme varie selon les conditions climatiques -chaleur, humidité…- et géographiques –altitude, type de sol, latitudes …etc-. Cette constatation permet de comprendre et d’intégrer définitivement que dans la nature, les dessins de cernes, et les espaces qui les séparent, sont toujours dissemblables ; de même, ils ne se touchent jamais.
La partie proche du cœur, plus vielle et foncée, est appelée duramen, la plus jeune et claire, généralement équarrie à cause de sa fragilité, sauf dans certaines espèces dures telles le noyer, chêne, châtaigner…etc.
La planche de bois massif est coupée dans le sens longitudinal, coupe radiale ou sur dosse ; c’est pourquoi, il n’y a qu’une seule ronce par planche, sauf dans les parties de loupes, des départs de racines et de branches.
III. MISE EN OEUVRE et COMPOSITION
Conseils de mise en œuvre sur boiseries :
L’imitation de bois se fait sur 2 couches de peinture satin roulée tendue ou spaltée dans le sens du fil du bois, poncé avec soin entre chaque couche. Le ton doit être soigneusement choisi dans la même gamme, plus clair que le bois à réaliser ; blanc, jaunes pâle à foncé, beiges, ocres, bruns, roses, rouges, violet… etc
La réalisation se fait généralement en 2 étapes, à l’eau ou à l’huile, l’ébauche et le reglaçage. Dans l’ébauche sont définis la couleur et le dessin des veinages, caractéristiques qui différencient les bois (dessins fins ou gros, légers ou présents, serrés ou espacés, calmes ou ramageux…etc). Le reglaçage apporte les profondeurs de tons, variations et balances, ainsi que les volumes, reflets et moirés.
– LES BOISERIES * ( menuiserie )
Depuis la fin du Moyen Age, l’usage s’établit peu à peu, dans les demeures seigneuriales, de se ménager une petite pièce intime dite « cabinet de retraite », entièrement recouverte de boiseries, y compris le plafond, pour conserver la chaleur du foyer. « Ce décor fixe a l’avantage de se poser devant un mur qu’il n’est pas nécessaire de soigner et il assure une isolation de celui-ci ». Assemblés à tenons/mortaises et chevillés, ces panneaux peuvent être ornés de sculptures en bas-relief de motifs de « remplages » ou de « plis de serviettes ».
ex : « cabinet de deuil » au château de Châteaudun, qui a aussi conservé des boiseries très simples dans l’ancien charretier.
XVIe siècle : Concurremment au décor mobile des tapisseries, on trouve des murs entièrement revêtus de boiserie, mais ce décor immuable est « plus coûteux ». Les vantaux des portes s’encadrent dans les boiserie dites « à la française », c’est à dire « à hauteur de bras levé » (sept à huit pieds environ **) pour pouvoir s’insérer dans une boiserie continue constituée de petits panneaux étroits sculptés ou peints. Le décor de serviettes de la période précédente est remplacé par des motifs verticaux.
– château de Blois, dans le cabinet de la Reine Catherine de Médicis (1519-1589)
– château de Beauregard, dans le Loir-et-Cher, au cabinet des grelots, qui sont entièrement boisés
– château de Pibriac (Haute-Garonne).
– Musée des Arts Décoratifs : stalles provenant du château de Villeneuve-Lembron. Les peintures de l’époque, telle « l’Annonciation » par Gérard DAVID (1460-1523), nous représentent souvent des boiseries avec des sièges incorporés, inspirés peut-être par les dosserets des stalles et les boiseries des chapelles.
– Louvre : boiseries basses de la chambre de parade d’Henri II (1559), sont de forme carrée, ornés de trophées d’armes antiques, sculptés et dorés.
Début XVIIe siècle : Si les exemples de boiseries antérieures à Mazarin ne nous sont parvenus que dépecées et arbitrairement disposées (boiserie de l’hôtel de Bullion 1634 à Paris; boiserie de la chambre et du cabinet de la Maréchale de La Meilleraye, à l’Arsenal 1637),
on en trouve encore, soigneusement remontées comme celles du :
– Musée de Cleveland (Etat-Unis) : celles du château de Chenailles (Loiret), décoré entre 1610 et 1620,
– château de Cormatin (Saône et Loire)
– château d’Oiron : cabinet des Vertus et cabinet des Muses (vers 1635)
– château d’Ancy-le-Franc (cabinet du Pastor Fido).
Les boiserie « à hauteur de bras levé », dont le sommet des panneaux continue la ligne des portes, sont rehaussées de dorures et divisées verticalement en trois parties: boiserie basse, boiserie d’étage et attique. Soit, du parquet au plafond :
1/ boiserie basse, boiserie d’appui (stylobate) ou soubassement
– une plinthe peinte en faux marbre, pour effectuer la transition entre le parquet de chêne naturel et la boiserie et aussi pour dissimuler les marques des coups de balai
– un soubassement décoré en peinture de bas-reliefs peints en grisaille, dénommé « basse taille » ou des natures mortes de fleurs et de fruits, en trompe l’oeil, sommé d’une cimaise légèrement saillante. Ce sont les boiseries d’appui qui règnent avec les allèges des fenêtres. 1
2/ boiserie d’étage, ou boiseries à demi-revêtement :
– les boiseries d’étage, composées de panneaux verticaux décorés de paysages, de vases de fleurs ou de grotesques, ornés de guirlandes, supportant un entablement saillant (astragale) sur lequel on peut poser des vases de faïence (Chenailles) à moins que ceux-ci ne soient peints en trompe l’oeil (ex : cabinet du château de Saint-Marcel de Féline, 1661, Loire).
3/ attique, entre l’entablement et la corniche, (dessus de porte) :
– l’attique, orné de peintures sur toile souvent séparées par des montants peints et sculptés : les peintures narratives ont pour sujet la mythologie (château de Cormatin, Hôtel Lambert, dans les cabinets de l’Amour, des Muses et des Bains (1643-1644), Arsenal dans le cabinet des Femmes Fortes), ainsi que l’histoire et les cycles romanesques à la mode, le Roland furieux, la Jérusalem délivrée, le Pastor Fido, l’Aminte.
Les dévots refusent toutefois d’avoir chez eux des peintures à sujets mythologiques, qu’ils jugent païennes, et ils commandent des tableaux illustrant des scènes de l’Ancien Testament, celles du nouveau étant réservées aux églises et aux couvents.
– Fontainebleau : galerie et de la Salle de Bal : parois entièrement boisées et boiseries d’appui surmontées de tapisseries. Le grand cabinet d’Henri IV a un haut soubassement de boiseries moulurées distribuées avec symétrie, mais avec plus de liberté vis-à-vis de l’Antiquité et des Ordres, surmontées de grandes peintures sur toile narrant l’histoire de Théagène et Chariclée, par Amboise Dubois.
Certaines boiseries de Fontainebleau sont peintes en ocre rouge foncé ou en blanc, décorées de paysages et de scènes antiques, associé à « des vases, des chiffres, ou des ornements légers » (Jean-Pierre Samoyault)
– Sully-Sur-Loire et à Villebon, Essonne , (1620) : De grandes pièces sontt décorées d’un quadrillage de boiseries sur toute la hauteur des parois; au-dessus de la boiserie d’appui qui joue le rôle du stylobate, des panneaux étroits tiennent lieu de pilastres et séparent des panneaux réguliers à grands cadres, au tracé rectiligne montant jusqu’à la frise sous la corniche, peints en faux bois, ainsi que les « portes à placards » placées en enfilade le long de la façade et souvent de manière symétrique vers le fond (1650).
– château de Maisons : sur les dessus de portes du salon à l’italienne, des vases de Chine peints en trompe l’oeil succèdent à l’emploi de porcelaines véritables posées sur les chambranles saillants.
2° moitié XVIIe siècle : La richesse des formes et des matières des boiseries rivalise avec celle des plafonds. Par souci d’un confort permanent (isolation thermique, hygrométrique, et acoustique), l’habitude de revêtir les parois des appartements de boiseries se répand. En effet, le bois est un matériau sain dont la seule servitude est la largeur des assemblages.
Comme l’importation de bois tendre est interrompue en 1668 par la guerre de Hollande, l’emploi du bois de chêne de France se généralise.
A défaut des fastueux appartements de Mazarin, disparus à l’exception de la galerie, nous pouvons nous en faire une idée en voyant les décors exécutés au milieu du siècle dans l’appartement de la reine mère à Fontainebleau et dans un certain nombre d’hôtels parisiens. A l’hôtel Lambert , dans la chambre de la Présidente, les doubles portes symétriques des deux enfilades et qui sont aussi précieusement ornées que les boiseries peintes de grotesques inspirés de Raphaël, se détachent sur un fond de dorure que l’on retrouve sur les poutres du plafond, encadrant les toiles d’Eustache Le Sueur (1615-1655).
– Vaux-le-Vicomte : on y voit le plus bel ensemble des décors de « style Mazarin » (ou, plutôt ne faudrait-il pas parler de « style Fouquet » ?) Cependant, on peut penser que c’est au jeune Charles Le Brun, qu’il faut attribuer l’unité du décor -inachevé- du célèbre château.
– Ouvrage consacré au cabinet de la bibliothèque de Sainte-Geneviève établie en 1675 : L’aménagement des bibliothèques trouve sa forme classique illustrée : les gravures montrent une galerie au sol carrelé et aux parois entièrement garnies de rayonnages intégrés aux boiseries, séparés par des pilastres. Les portes sont dissimulées par des dos de faux livres.
Dans une gravure intitulée le Cabinet des Beaux-Arts, Jean Le Pautre place les rayonnages de part et d’autre d’une table supportant une pendule et des instruments scientifiques: globes terrestres et célestes, aux supports tournés ou sculptés, qui font partie du mobilier de ces pièces.
– Institut de France : Suivant le testament du Cardinal, la bibliothèque aménagée par Le Vau en 1665 au Palais Mazarin est transférée en 1672 au Collège des Quatre Nations (Aujourd’hui l’Institut de France) où les boiseries de chêne ciré sont remontées et sont toujours en place, avec leurs rayons ourlés de « bougrans ». En 1739, elle sera surélevée d’un attique avec un balcon. Elle a servi de modèle pour la Bibliothèque royale de Copenhague.
Fin XVIIe siècle : « Les boiseries rendent les lieux secs et chauds et, par conséquent, sains et habitables, peu de temps après qu’ils ont été bâtis; outre qu’ils épargnent les meubles dans les pièces d’une moyenne grandeur et les plus fréquentées, car si elles sont boisées, il ne faut pour les meubler que quelques miroirs et tableaux qu’on attache sur les panneaux. Les boiseries servent encore à corriger les défauts dans les pièces comme un biais ou une enclave causé par quelque tuyau de cheminée à côté duquel on pratique des armoires dont les guichets (portes) conservent la même symétrie que le reste. » (Daviler 1691)
– Versailles, appartements particulier et du nouveau Trianon: Renonçant aux fastes renouvelés des palais antiques (marbre), Louis XIV décide avec Jules Hardouin-Mansart de revêtir de boiseries toutes les pièces. Il fait de même à Marly, qui est « boisé dans son entier. »
– Parution du recueil de Pierre Le Pautre : « Portes à placards et lambris dessinées par le Sieur Mansart et nouvellement exécutées dans quelques maisons royales », où l’on voit des modèles pour la salle de billard de Versailles (1685) et l’antichambre de Trianon (1687). La même disposition est employée dans les pièces de la Ménagerie, boisée pour la jeune Duchesse de Bourgogne (1685-1712). Ce sont des boiseries, caractérisées par un quadrillage à compartiments, fortement moulurés formant saillie sur le nu des champs simplement étagés au-dessus de la cimaise, coupés horizontalement par une astragale correspondant à la partie supérieure du chambranle des portes. Cependant les moulures à forte saillie vont s’atténuant et l’échelle des sculptures diminue, cédant la place à des boiseries d’un nouveau goût, qui sont à la fois un élément de fonction et de décoration. A partir de 1699, succède donc, une nouvelle disposition des corps de boiseries où les verticales sont affirmées.
L’harmonie du blanc relevé d’or semble avoir plu à Louis XIV (il s’agit toujours de dorure à l’eau et non à l’huile). A Trianon les boiseries d’apparat sont peintes à la détrempe « blanc de roi » et la sculpture est soigneusement préparée pour recevoir les feuilles d’or.
Mais les boiseries des logements des grands officiers sont laissées en bois naturel. Et Jean-Baptiste Leroux dans ses « Nouveaux lambris de galeries, chambres et cabinets » (1700), montre une bibliothèque de chêne naturel et or.
Cette mode, en « Blanc de roi », provoque la plainte d’un esprit chagrin: « Dans les appartements de parade l’emploi de la dorure flatte les parvenus et ruine la noblesse. Par contre, dans les parties telles les passages et antichambres ce n’est pas le cas ».
Certains spécialistes comme Daviler veulent « garder au bois des lambris sa couleur naturelle ».
C’est l’avis de l’architectes Boffrand qui écrit: « On peut vernir la boiserie, en sorte qu’on y voit la couleur du bois »
– l’édit de 1691 : La pénurie financière due à la guerre de la succession d’Espagne arrête les travaux, et, boiseries et corniches restent en blanc, car un édit de 1691 interdit la dorure. Ce qui n’empêche pas deux traitants Beauvarlais et Antoine Crozat, de l’enfreindre dans la décoration de leurs hôtels place Vendôme. On voit apparaître à nouveau des boiseries en bois naturel, simplement cirées, qui correspondent au souhait de Jacques François Blondel: « pour l’amour du vrai, que les boiseries de chêne fussent seulement cirées ».
Nicodème Tessin écrit en 1693: » On ne peint les chambres boisées, les portes, les volets, les châssis, les plafonds, etc… que de blanc, avec le filet d’or, ou sans or ». Lorsque les travaux reprennent en 1698, le roi donne l’ordre de ménager l’or sur les boiseries et la dorure s’y réduit aux moulures des bordures des glaces et de celles des tableaux, ainsi que sur les pieds des tables en consoles des trumeaux. A Trianon comme à Marly, ce qui différencie alors les pièces des appartements, tous peints en blanc du Roi, ce sont les emmeublements chacun d’une couleur différente.
Les portes à panneaux simplement moulurés remplacent les vantaux chargés de sculptures en bas-relief.
XVIIIe siècle : apogée du savoir faire des ébénistes – menuisiers d’art en ce qui concerne les boiseries (entre autres). Jamais aucune autre époque n’a su créer des rythmes ni des rapport de proportions aussi agréables malgré tout ce qui a pu être découvert depuis cette période
– Trianon et Versailles, boiseries des derniers appartements du roi : à partir de 1701, les boiseries à grands cadres, à moulures saillantes et les astragales disparaissent et sont remplacées par des « boiseries de hauteur » soumises à une ordonnance architecturale de boiseries à petits cadres aux moulures moins saillantes et toujours prises dans l’épaisseur du bois: au-dessus de la boiserie d’appui sommée par la cimaise, de hauts panneaux verticaux, plus légers, séparés par des pilastres d’ordre classique – qui sont bientôt remplacés par des trumeaux allongés »- rythment les murs, divisés en travées par des portes symétriques à deux vantaux, surmontés par des dessus de portes peints ou sculptés.
Pierre Lassurance (1655-1724) et Pierre Le Pautre en donnent des modèles où l’on voit les hauts « miroirs à la Mansart » placés au-dessus des cheminées basses y remplaçant les peintures. Celles-ci sont mises en dessus de portes et on y note des panneaux en rectangle dont un des petits côtés s’incurve à la rencontre de cercles. Les portes à placards sont composées comme les boiseries; à ceux-ci, Mansart donne plus de légèreté et d’élégance avec des panneaux de plus grande échelle et des compartiments destinés à enchâsser un assemblage de miroirs ou des peintures.
– Trianon-sous-Bois : apparition de hauts pilastres et les clés des arcades des chambranles et des cadres de glace y sont ornées d’une palmette. Cette manière de disposer les boiseries donne une légèreté nouvelle à la décoration et fournit un premier exemple des boiseries typiques du dix-huitième siècle.
Il est à remarquer que les boiseries basses sont surmontées par la moulure saillante de la cimaise, généralement placée à deux pieds huit pouces (1) du sol (soit 0,86 m de hauteur d’appui) destinée à arrêter le dossier des sièges, toujours alignés symétriquement contre les murs et à régner avec les dessus de marbre des tables en consoles et des commodes (celles-ci placées dans les chambres).
– salons des châteaux de Vaux-le-Vicomte et de Balleroy, Hôtel de Châtillon, à Paris : dans les pièces moins richement décorées, on se contente de peindre les boiseries en « marbre contrefait » ou « marbre feint », de même dans les pièces de moindre conséquence, comme les antichambres ou la salle à manger avec des « boiseries peintes en marbre » (chez Monsieur Bégon).
– Chez les particuliers : on réserve le blanc et or pour le cabinet « lorsqu’on est en état de soutenir la dépense ». On vernit le reste des boiseries « à la capucine », c’est-à-dire, après les avoir teinté du ton de la bure des Capucins (Franciscains), pour unifier les tons des différentes sortes de bois et masquer les défauts (noeuds, etc…), et ce, malgré les objections de Blondel. Exemple: la pharmacie des Invalides 1707.
Le XVIIIe siècle, grande époque de l’aménagement des châteaux, hôtels particuliers et appartements : Désormais, salons de compagnie et salles d’assemblée, comme les autres pièces des appartements nouveaux, sont tous pourvus de boiseries qui assurent l’isolation thermique et acoustique et l’harmonie d’une architecture intérieure de panneaux de boiserie bien distribués selon une « symétrie raisonnable et réfléchie » (Jacques François Blondel). Oeuvres de grands spécialistes en menuiserie d’art, les boiseries de grande qualité sont toujours exécutées en bois dur, notamment en chêne, matériau réputé sain. Ils sont faits de « chêne propre et sans noeud, bien sec » (à l’air), c’est-à-dire qui n’est pas parvenu par flottage, ce qui en augmente le prix. Toutes les moulures et ornements en relief y sont sculptés en plein bois. Toujours harmonieusement distribués, les ornements sculptés des boiseries et des voussures qui les prolongent sont multipliés dans les appartements de parade, ce qui fait dire à Pierre Patte en 1775, dans son cours d’architecture: « La sculpture s’était entièrement rendue maîtresse de l’architecture ».
Dans le texte de 1738 du cours de Daviler, on lit: « La décoration intérieure des appartements a éprouvé de si grands changements qu’elle a tout fait changer de face… Les boiseries que l’on fait présentement sont si différentes de celles qui étaient en usage il y a quelques années qu’on a trouvé à propos d’en donner de nouveaux dessins ».
Dans les salles parées de boiseries, les murs sont traités comme un ordre d’architecture: cet ordre repose sur un stylobate: la boiserie d’appui mesure généralement deux pieds huit pouces, (cependant, Boffrans, pour accentuer l’élévation de certaines pièces donne quelquefois aux boiseries basses moins de huit pouces), hauteur désormais traditionnelle dans les Bâtiments du roi et les hôtels parisiens.
Le plus souvent cependant, la hauteur de la boiserie d’appui est réglée par l’élévation de la pièce » (Briseux recommande de donner à la hauteur sous plafond les trois cinquième de la largeur de la pièce). Dans les pièces très hautes mesurant plus de dix-huit pieds (5,83 m) d’élévation, la boiserie d’appui peut atteindre trois pieds (0,97 m). Cette boiserie basse, divisée en panneaux, de largeur variée, sans décor sculpté, est limitée au sol par la plinthe ou socle de boiserie reposant sur le plancher. On donne à la plinthe une hauteur de quatre pouces (10,8 cm) environ. En haut des boiseries d’appui se trouve le ressaut de la cimaise, moulure saillante contre laquelle viennent s’appuyer les meubles; sièges meublants (canapés et fauteuils) toujours alignés contre les murs. Jacques François Blondel insiste: » On doit prendre garde que les contours inférieurs des panneaux ne tombent point assez bas pour que les dossiers des fauteuils puissent en dérober la vue. »
Pour les boiserie de hauteur, au-dessus de la boiserie d’appui, le rythme vertical est marqué par des pilastres et/ou des panneaux étroits (parcloses) entre lesquels viennent s’embrever des corps plus larges, soulignés de moulures, décorés de motifs sculptés en bas relief « le plus léger qu’il soit possible » (Jean Mariette), à moins qu’on y insère des toiles peintes, des glaces ou encore des panneaux de laque, par exemple les toiles par Christophe Huet dans la chambre du prince à Chantilly, les glaces de la galerie de l’hôtel de Villars et du salon de l’hôtel de Soyecourt par Nicolas Pineau à Paris. Les divisions géométriques des boiseries sont toujours claires: les verticales encadrent une surface, qui s’organise selon une symétrie. On ne redouble pas forcément les pilastres dans les coins.
Les portes, sont souvent équilibrées par un panneau plein et non par une porte simulée. « Il y a des architectes qui, dans la décoration des appartements, ont coutume de répéter des portes feintes en symétrie ou à l’opposition des vraies pour les grandir en apparence, d’où il résulte que dans les pièces où l’on est dans l’obligation d’avoir beaucoup de sièges, on est contraint d’en mettre devant ces portes, ce qui ne paraît pas naturel. »
Surmontées soit de toiles peintes enchâssées dans des moulures, soit de panneaux sculptés d’ornements en bas relief, les portes des pièces de réception affleurent le mur, s’ouvrent à deux vantaux vers les pièces secondaires et sont doublées par des rideaux de portière de tissu en hiver. Des portes dérobées, à un seul vantail, peuvent être découpées dans les boiseries en tenant compte du décor.
Pour juger de l’effet du décor des boiseries prévues dans une pièce, on en trace souvent une esquisse, à grandeur d’exécution, à la pierre noire, directement sur le plâtre du mur, qui est parfois retrouvée lors de la dépose des boiseries, ou bien cette esquisse est tracée sur un papier ou un tissu afin d’être présentée sur le mur.
Versailles, dans les cabinets sous les combles, installés pour Louis XV : Dans les « petits appartements », les boiseries de hauteur sont établies en proportion de la hauteur sous plafond. Pièces ayant huit pieds neuf pouces de hauteur (2,83 m), soit huit pieds quatre pouces (2,73 m) pour les boiseries, surmontées d’une corniche en voussure de quatre pouces (0,10 m). La boiserie basse y monte à deux pieds cinq pouces seulement (0,78 m) et la cheminée à environ trois pieds quatre pouces (1,07 m) Pour pallier le manque de hauteur on multiplie le nombre des lignes montantes en augmentant le nombre des panneaux verticaux étroits, le décor sculpté de la corniche vient mordre sur le plafond où l’on ne met pas de rosace centrale.
La largeur des panneaux mis en oeuvre est limitée par les assemblages à cause des variations dimensionnelles dues aux variations hygrométrique qui se risque de se voir au niveau des embrèvements (à trois pieds de largeur comme le conseille Roubot).
On conçoit que dans des pièces ainsi parées de boiseries, ornées de sculptures et de miroirs, il y ait peu de place pour les très grands tableaux de peinture. Ceux-ci sont parfois enchâssés dans la boiserie et ne prennent vraiment leur sens qu’intégrés dans le décor entier comme à la petite galerie des chasses exotiques à Versailles (détruite, les toiles étant au musée d’Amiens). Ils sont aussi placés au-dessus des portes. On dispose aussi des tableaux en partie haute des trumeaux des glaces, ce qui provoque la critique d’un anonyme en 1753 du « goût barbare qui a banni les tableaux des appartements pour leur substitution par d’insipides glaces qui ne permet à la peinture tout au plus que d’exécuter quelques bizarrerie sur les dessus de portes » (Jugement d’un amateur sur l’exposition de tableaux). Les variations de la mode, ont été la cause du renouvellement cyclique de la finition des boiseries dans les appartements. Ces travaux expliquent que pratiquement aucune boiserie ne nous soit parvenue dans sa finition d’origine.
Pour procéder au rajeunissement des boiseries, souvent on les enduit d’une couche de peinture, après quelque temps d’une autre, aboutissant à un empâtement des reliefs; Puis à d’autres périodes, on procède à un décapage général, par application d’un solvant, par un décollement à la flamme ou par un grattage à vif, pour dégorger les ornements sculptés, révélant ainsi le bois dans sa couleur naturelle.
– Bibliothèques : « Les pièces consacrées à la lecture doivent avoir un air de simplicité pour plus de recueillement » Si le nombre des livres est très important, les bibliothèques peuvent quelquefois être installées sur deux étages, avec un balcon (château de Brienne (Aube), et de la Roche-Guyon, Val d’Oise), mais ce sont généralement des pièces intimes « pour jouir de l’agrément de la lecture », lambrissées avec des armoires de boiserie aux portes grillagées protégeant les ouvrages contre le vol, dans des contours chantournés. Le corps bas correspond aux boiseries d’appui. Le long des étagères on peut mettre des « bougrans » ou canevas, accommodés à clous dorés destinés à « conserver les livres de la poudre ».
Les portes peuvent être dissimulées par des rayonnages feints et des dos de livres en cuir. Pour accéder aux rayons supérieurs, les menuisiers exécutent des escaliers mobiles.
– Palais Rohan à Strasbourg : dans les cabinets entresolés, les corps de bibliothèques sont couronnés par une corniche qui touche au plafond. Dans les pièces élevées le haut des armoires de menuiserie ou d’ébénisterie est orné de bustes, de vases ou de groupes sculptés.
– Architectes et ornemanistes proposent de nombreux projets: Robert de Cotte pour l’hôtel de Nevers, Nicolas Pineau pour M. de Rouillé. Certains sont gravés par Pierre le Pautre, les Bonnard, etc. Une gravure de Jean Mariette représente une « boiserie de cabinet avec bibliothèque de chêne verni; les ornements en sont dorés et appliqués sur le bois ».
** 1 pouce français = 27,0696 mm
1 pied = 12 pouces = 324,835 mm
* Christian Pingeon et la Tradition tel: 01 42 77 22 22 –
extrait des manuscrits de Christian Pingeon ; précis historique
– LA MARQUETERIE (ébénisterie)
L’antiquité et le moyen âge
L’art de la marqueterie est très ancien. C’est vraisemblablement en Asie Mineure que les premières découpes et incrustations apparaissent aux environs de 350 ans avant Jésus Christ.
Il semble également que très tôt les Egyptiens aient développé la technique de l’incrustation de l’ivoire, de l’ébène et de pierres précieuses pour décorer des nécessaires de toilette ou des meubles; ils connaissaient même la colle d’albumine et le sang pour assembler leurs plaquages. Au moyen âge, Venise et Byzance furent les principaux centres de production. Ils exportèrent en occident des objets de luxe, dont les motifs géométriques en noir et blanc étaient obtenus par des incrustations d’os, d’ivoire ou de nacre dans des bois plus ou moins foncés, technique que l’on trouve encore de nos jours dans les meubles et dans les objets musulmans.
Renaissance Italienne
Un ancien procédé pratiqué par les romains, l’intarsio, qui consistait à réaliser des tableautins par un assemblage de pièces de bois de différentes couleurs et nuances, réapparut à sienne au Quatrocento, avant que Florence n’en eût le monopole au siècle suivant. Giovanni Da Verona fut l’un des premiers artisans à obtenir des demi-teintes grâce à des décoctions végétales et à des huiles bouillantes. Plus résistant que la peinture sur bois, l’intarsio prolongea souvent les recherches sur l’illusionnisme dans la représentation. En témoignent la mosaïque géométrique (certosina), les perspectives architecturales, les natures mortes ou surtout les portraits, comme le buste de saint matthieu exécuté par Cristoforo De Lenderina d’après un carton de Piero Della Francesca. Dans de nombreuses villes en Italie, des écoles d’art se développent. Plus particulièrement à Florence où Francesco di Giovanni di Matteo fondera l’école de Marqueterie d’art.
Le représentant le plus marquant de cette école est Benedetto de Maïano qui passe pour être le véritable inventeur de la marqueterie telle que nous la connaissons de nos jours. Au cours du XVIe siècle, la marqueterie se développa en Allemagne, en Angleterre et en France. En Italie, la mise au point d’un procédé de fabrication répétitif appelé Tarsia A Toppo diminua souvent la valeur artistique de la production.
Renaissance Française
En France, la marqueterie prend un certain essor dès la fin du XV ème siècle. Lors des Guerres du Milanais, Charles VIII, Louis XII, puis François 1er purent admirer la richesse des décors des palais italiens. C’est ainsi qu’en 1526, François 1er fait engager pour le château de Fontainebleau, marqueteurs, ébénistes, décorateurs et sculpteurs où est créée l’école du même nom.
XVIIe siècle
La marqueterie prit un nouvel essor aux Pays-Bas et devint fort à la mode en France au milieu du XVIIe siècle grâce à Jean Macé, qui se forma au contact de marqueteurs de Middelburg. La découpe se fait désormais par sciage et non plus au couteau. C’est une amélioration très importante qui permet de suivre des traces très sinueuses avec beaucoup plus de précision et ainsi de détailler avec netteté les motifs les plus complexes. Colbert réunit aux gobelins un florilège de marqueteurs, parmi lesquels Jacques Sommer et le hollandais Pierre Golle. Reprenant une technique d’origine italienne appelée Tarsia Incastro (découpe en superposition plusieurs essences de bois suivant un tracé), André Charles Boulle(1642-1732), parmi les plus prestigieux marqueteurs de tous les temps, inventa son fameux procédé en partie et contrepartie, qui consistait à incruster de la nacre ou de l’écaille de tortue dans du cuivre ou de l’étain, souvent décrites comme « peinture de bois ». Ses œuvres sont d’une richesse, d’une majesté encore jamais atteinte.
XVIIIe siècle
Au début du XVIIIe siècle, la marqueterie française s’effaça quelque peu au profit de la laque et des vernis, avant de produire quelques-unes de ses plus belles réalisations grâce à Charles Cressent, Jean-François Œben et Jean-Henri Riesener. Sous Louis XV, apparition du procédé particulier de préparation du placage, consistant à scier de façon oblique une bille de bois afin d’obtenir un placage appelé « plaquage en semelle ou saucisson ».
Vers la deuxième moitié du XVIIIe siècle, la courbe , la contre-courbe tant utilisées sous la Régence et Louis XV peu à peu se tendent, disparaissent, et font place à la ligne droite; les formes deviennent rigides, symétriques (cubes, losanges, damiers, etc, caractéristiques du style Louis XVI). A la faveur des échanges commerciaux, plus de cinquante variétés d’essences exotiques et quarante essences indigènes étaient disponibles en 1770. Cependant, les motifs redevinrent picturaux à la fin du siècle.
XIXe et XXe siècle
La marqueterie perdit de l’importance sous l’empire et sous la restauration, mais connut un regain de faveur et un perfectionnement technique sous napoléon III. La flore inspira librement les créateurs de l’école de Nancy (Louis Majorelle, Emile Gallé) au tournant du siècle, et se prêta aux stylisations rigoureuses d’Emile-Jacques Rulhmann au milieu des années 1920.
Actuellement, la marqueterie peut être réalisée de façon industrielle par des moyens informatisés (découpe laser, filet d’eau, centre d’usinage, etc.). Fort heureusement, ces techniques modernes n’ont pas réussi à égaler la précision d’une marqueterie découpée à la main. Jamais la machine ne saura voir, contempler, choisir un bois, une veine une texture de placage afin de donner une âme à la marqueterie.
LA TECHNIQUE DU PLACAGE
Le bois est tranché en feuilles minces :
– Placage tranché : perpendiculairement à l’axe du tronc
– Placage déroulé : ruban sans fin obtenu en faisant rouler le tronc pendant le débitage donnant un dessin vivant d’un effet nuagé.
– placage conique ou radial : spirale obtenue en faisant tourner le bois contre une lame oblique (système du taille crayon) et débitée en feuilles rondes suivant les veinages, donnant un dessin proche de celui d’une loupe.
Les bois destinés au placage subissent généralement un traitement préalable à base de chaleur et de vapeur d’alcool, servant à assouplir les fibres de bois (étuvage). Ce travail force le dessin et diminue la tendance à se gondoler de certains bois. Elles sont ensuite éventuellement décolorées ou teintées. Une fois découpées suivant le motif choisi, les feuilles sont collées bord à bord sur le support – panneaux de bois de moindre valeur, latté, ou aggloméré.
Les meubles marquetés, très fragiles, requièrent un grand soin.
Quelques bois de placages courants : Loupe d’orme, poirier, cerisier, ébène, acajou, bois de rose ou de violette, palissandre
ATTENTION : Les teintes de bois sont trompeuses : les intempéries, les effets du temps, avec ou sans mesures de précaution, et les différents traitements (coloration , décoloration, vernissage, cire teintée, brûlage, décapage, pour n’en citer que quelques uns) modifient la couleur du bois.
– Noyer (avec variations : teck, merisier, bois de rose et de violette)
– Acajou (avec variations : acajou sappeli, citronnier, amarante)
– Palissandre (avec variations : ébène de macassar)
– Chêne clair (avec variations : châtaigner)
– Loupe d’orme (avec variations : loupe de frêne, olivier)
– Erable moucheté (avec variations : érable sycomore, peuplier, cèdre)
IV. INTRODUCTION dans l’HISTOIRE DES STYLES
HISTOIRE DES STYLES : UTILISATION DES BOIS DANS LE MOBILIER FRANÇAIS
D’après l’encyclopédie des styles.
Les artisans ont utilisé tout au long de l’histoire du mobilier, des bois indigènes ou exotiques multiples et variés. Si les bois indigènes sont généralement employés massifs, les bois exotiques, plus rares et donc plus chers, sont généralement réservés au placage (motifs géométriques), à la marqueterie (motifs floraux, instruments, paysages, etc…), ce ne sont pas les seuls critères ; les qualités du matériau (élasticité, densité, dureté), la couleur et les dessins des veines, interviennent également.
Parmi les 43 545 différentes essences de bois recensées par l’université de Yale aux U.S.A, nous retiendrons les plus fréquents :
Six coloris principaux :
- Bois blanc : Erable et érable sycomore, charme, bouleau, poirier, houx.
- Bois blond : Chêne, platane, hêtre, frêne, santal.
- Bois jaune : Citronnier, cerisier, olivier, pin, thuya, tilleul, buis.
- Bois rouge : Acajou, bois de rose, pitch pin, merisier, amarante.
- Bois bruns : Noyer, palissandre, châtaigner, teck, zebrano.
- Bois noir : Ebène, poirier (lorsqu’il est teint).
Dessin des veines : très nombreux et très variés, ils permettent d’obtenir des effets décoratifs différents, plus ou moins appréciés selon les époques (bois ondé, moiré, flammé, moucheté, chenillé, de loupe ou ronceux-racine ou départ de branches-)
Jusqu’à la fin du XVe siècle, le chêne est d’un emploi presque exclusif, époque à laquelle il est peu à peu détrôné par le noyer. Il est vraisemblable que beaucoup de meubles utilitaires aient été également fabriqués en sapin ; la médiocre qualité de ce bois a entraîné leur totale disparition.
Au XVIIe siècle, les bois caractéristiques sont le chêne, le noyer, l’ ébène, le poirier, le sapin.
Sous le style LOUIS XIII, jusqu’en 1661, apparaît la mode du placage composé d’ébène, (ou poirier noirci pour les meubles ordinaires), d’ivoire, de marbre, pierres colorées, et divers métaux.
Sous le style LOUIS XIV, fin XVIIe siècle, sont employés en bois massif : chêne, châtaigner et noyer. La marqueterie, dont Boulle est le maître incontesté, connaît un grand développement et utilise de nombreux bois aux couleurs variées et contrastées : jaune de l’amandier et du buis, blanc pur du houx, le gris rosé du bois de sainte Lucie, la gamme des bruns au noir du noyer. Mais aussi, le cuivre, l’argent, l’étain, la corne, la nacre ou l’ivoire.
Au XVIIIe siècle,
Sous le style REGENCE, style de transition s’étendant jusqu’en 1730, le bois massif est de plus en plus utilisé ; le chêne pour les beaux meubles, noyer ou bois fruitiers, tilleul pour les sièges, sapin ou peuplier pour les meubles plus courants. Mais le plus apprécié est le placage de bois de violette (palissandre) en frisage. La marqueterie de bois de couleur se détachant sur l’ébène utilise des dessins géométriques. Quant à la marqueterie d’écaille et d’étain, que réalisent les fils de Boulle, sa faveur, quoique discrète, perdurera tout le XVIIIe siècle.
Sous le style LOUIS XV, (jusqu’en 1770 env .), chêne et noyer sont souvent employés en bois massif, mais aussi merisier, frêne, prunier, châtaigner, olivier. Hêtre, tilleul, noyer sont réservés aux sièges. Cependant, tout comme les lambris, les bois des meubles sont souvent peints. Pour la marqueterie, une centaine d’essences différentes dont l’acajou, permettent d’exécuter des compositions chatoyantes ; tantôt des bouquets de fleurs s’échappant de paniers ou de vases, tantôt des gerbes, des branchages, des semis de fleurs.
Sous le style LOUIS XVI, le chêne est utilisé en bois massif, pour le bâti des meubles marquetés, les boiseries sculptées, et certains sièges. Pour les sièges et meubles courants ; noyer, frêne, hêtre, loupe de noyer. L’ acajou connaît une grande vogue : moiré, moucheté, chenillé ou ronceux, il est employé soit en placage de grande surface pour faire ressortir la beauté de ses veinages, soit massif pour les sièges. Délaissé sous LOUIS XV, l’ébène, le citronnier reviennent à la mode. Quant aux bois fruitiers, ils sont toujours utilisés. Mais, comme sous Louis XV, souvent, le bois est peint, avec des filets dorés ou des réchampis. La marqueterie de bois de couleur, remarquablement mise au point sous LOUIS XV, est de façon générale plus sombre ; dessins géométriques (losanges, entrelacs, rosaces, petits rectangles aux angles rentrants, grecques, damiers) ou motifs de bouquets, scènes champêtres ou paysages historiques.
A la fin du siècle, le style DIRECTOIRE, inspiré d’art antique simplifié, utilise le bois massif ; orne, noyer, hêtre, bois fruitiers. Seuls les meubles de luxe sont en acajou massif sculpté ou en placage. La marqueterie tombe en désuétude, en raison du manque de main d’œuvre et de l’appauvrissement général. Mais le placage de citronnier et d’ébène, parfois de cuivre et de nacre est en vogue.
Au XIXe siècle,
Le style EMPIRE, qui jusqu’en 1815, emploie l’acajou, massif pour les beaux meubles, en placage pour les meubles courants et pour les sièges ; clair, foncé, moiré, ronceux ou flammé.
L’interdiction de son importation, en 1810 (blocus continental), oblige à employer noyer, loupe d’orme, hêtre, frêne, racine d’if, buis, olivier, érable, et plus rarement, le citronnier. Si la marqueterie a complètement disparu, minces filets, couronnes ou rosaces d’ébène, d’acajou, if, sur bois clair, ou de bois clairs (citronnier, olivier), de cuivre ou d’acier, sur bois foncés, deviennent à la mode.
La RESTAURATION, 1815-1830, sous LOUIS XVIII et CHARLES X, adopte les bois blonds.
Mais parfois aussi, emploie des bois foncés ; acajou, palissandre, amarante. Les artisans de l’époque, d’une grande habileté, utilisent indifféremment les bois massifs ou la technique du placage, ou de l’incrustation.
Le style LOUIS PHILLIPPE, 1830-1848, n’est pas original ; dans le prolongement du style restauration, sans le raffinement, il copie les styles anciens, sans esprit créatif (mode du médiévisme, par ex). Tandis que les bronzes et la marqueterie, trop chers, sont éliminés, les bois foncés reviennent à la mode ; acajou, palissandre, ébène, if, poirier ou hêtre noircis. Les bois clairs ; sycomore, loupe d’orme sont utilisés pour le placage intérieur de certains meubles.
C’est aussi le début de la mécanisation des techniques, autrefois toutes manuelles.
Le style NAPOLEON III, 1848-1870, se caractérise par l’imitation des styles, la confirmation de l’époque précédente par l’emploi des bois foncés et la mécanisation des techniques. Tous les bois sont utilisés, mais l’ébène est particulièrement en faveur pour l’imitation de la renaissance et des meubles Boulle, le pitch pin importé peu cher, le poirier noirci, le bois de rose et le palissandre.
Au XXe siècle,
A la « belle époque », le STYLE 1900, 1985.90-1914, copie en vrac tous les styles précédents.
Cependant, des créateurs (Guimard, Horta, Gaudi… les ébénistes Majorelle, Vallin…), inventent le MODERN STYLE, employant l’acajou du brésil, mais aussi chêne, noyer, poirier.
Pour la marqueterie ; ébène, sycomore.
Après guerre, pendant les « années folles », le STYLE 1925 ou ARTS DECORATIFS, 1914-1939, est luxueux et ne se préoccupe pas des coûts. La mode est aux bois exotiques foncés, ébène, macassar en particulier, palissandre, loupe d’Amboine jaune ou rosée, acajou. Pour le placage ; sycomore, citronnier, bois de rose, et la marqueterie ; argent et nacre, coquille d’œuf, etc ..
– ANNEXE : Le métier de peintre décorateur
Il m’est souvent demandé quelles sont les principales compétences, aptitudes et connaissances mobilisées dans l’exercice de notre métier, aussi en ai-je fait cette présentation sommaire :
Aussi appelé “Peintre Décorateur”, il est souvent confondu avec le métier de décorateur (conception des projets, organisation et suivi de chantier), ou encore celui de restaurateur ( qui a l’exclusivité -et les compétences indispensables- des interventions dans la préservation des œuvres du patrimoine classé,ainsi que les tableaux). Bien sûr, les frontières sont quelquefois traversées, le talent ou l’ambition aidant.
Il est étrange que ce métier, qui fait tant rêver, soit en même temps si mal connu. Aussi vais-je le résumer en quelques mots : CONCEVOIR ET RÉALISER UN DÉCOR PEINT
1. Savoir concevoir un projet, réaliser une maquette. Le métier de peintre décorateur consiste en premier lieu à la conception d’un décor peint en adéquation avec la demande de sa clientèle, et avec les contraintes de l’espace. Et ceci, quelle que soit l’importance du projet.
La qualité d’un projet tient à :
– l’adéquation du style, des couleurs et valeurs, et du rendu (choix de la technique) au contexte
– justesse des proportions (des éléments créés)
– équilibre des associations de « fausses matières ».
– cohérence de l’ensemble du décor (style, couleurs entre elles, valeurs)
Il faut pour certains projets ambitieux, présenter une maquette aquarellée :
– Savoir établir un métré et le reporter en dessin.
– Savoir aquareller, présenter soigneusement.
Il faut généralement présenter un échantillon des techniques picturales proposées :
– Mise au point d’échantillons : choisir judicieusement le modus operandi (savoir s’adapter aux circonstances)
– S’il y a un projet maquette, en cohérence totale avec celle-ci (couleurs, valeurs etc…)
2. Savoir réaliser un décor peint. :
Connaitre les techniques picturales, traditionnelles et modernes :
– Connaitre le matériel, produits, matériaux, et pinceaux, nécessaires à la profession. Leur nom et utilisation.
– Connaitre les couleurs et leurs mélanges. Leur nom et utilisation.
– Connaitre les liants, diluants et solvants. Leur nom et utilisation.
– Savoir réaliser différents types de patines, pochoirs et fausses matières.
– Avoir des bases solides d’imitation de bois, marbres, fausses moulures et ciels.
– Savoir réaliser des ornements en trompe l’œil : frises, grisailles, grotesques.
– Connaitre le modus opérandi de différents types de panoramiques.
– Connaitre les bases de la dorure traditionnelles et des effets de métallisation.
Composition de décor peint : Connaitre des bases de copie en dessin, report, tracé, perspective.
– Savoir associer les matières afin de créer un décor en trompe l’œil, une marquèterie.
– Connaitre l’histoire des styles.
3. Savoir communiquer :
Avoir l’esprit d’entreprise : une forte motivation (détermination et ambition)
– Savoir adapter ses objectifs à la demande du marché moderne : Savoir analyser et cibler.
– Savoir démarcher : a/ Réaliser un book, des cartes de visites, une plaquette, une page d’accueil ou un site. b/Dans les salons de décorations, ou chez les architectes, décorateurs, entreprises de peinture, magasins de décoration, antiquaires, ou encore grâce aux sites.
4. Avoir des qualités relationnelles et commerciales :
Lors du 1° rendez vous de chantier :
– Argumenter et proposer de façon convaincante (présentation, book, échantillons) et établir un rapport de confiance (compétence, sérieux, confidentialité).
– Prévoir et organiser l’intervention dans le chantier.
Lors des travaux :
– Etablir des rapports de respect et de convivialité (diplomatie) avec les autres équipes pour la bonne marche des travaux. Maitriser son stress en toutes circonstances, quelques soient les désagréments ou contretemps.
5. Savoir organiser :
– Atelier : Achalander et entretenir le matériel.
– Préparation du chantier : Prévoir les achats de matériaux et matériels nécessaires.
– Lors des travaux : Respecter les tons établis et tenir les délais.
Respecter les consignes de sécurité.
6. Savoir gérer :
Gestion administrative et comptable :
– Savoir se mettre à son compte : connaitre les démarches à assurer ; caisses, assurance et fiscalité.
– Savoir établir métrés, devis et factures rigoureux.
7. Réactualiser ses connaissances :
– Entrainement personnel en atelier (exigence et patience, amour du travail bien fait) ou stage de formation (investissement personnel), et recherche de documentation (gout et culture).
EN CONCLUSION : Il est évidement difficile de réunir l’ensemble de ces compétences et qualités nécessaires chez une même personne. Il est cependant préférable d’avoir une personnalité positive et diplomate, et d’avoir une motivation forte; vu le peu de postes salariés disponibles, il faut avoir l’ambition de se mettre à son compte (et de gérer les stress et aléas d’un métier indépendant)
♦
Le métier de Peintre en décors (historique)
A quand remonte la peinture décorative et le métier de Peintre en décors?
Sur ce sujet, les théories les plus diverses peuvent être lues. Cependant, je n’ai encore pu découvrir aucun historien des styles sur qui s’appuyer.
Il ne faut pas prendre toutes les peintures murales pour des peintures à but décoratif. Aussi magnifiques soient-elles à nos yeux, la fonction des peintures propitiatoires des grottes de la préhistoire, telle Lascaux, ou celles, à caractère sacré des tombeaux égyptiens, temples incas ou églises, n’a qu’un très lointain rapport avec la seule finalité d’ornement et d’agrément du trompe l’œil et de la mise en valeur d’un intérieur.
Nous savons, grâce à la découverte de mobiliers peints en décors, que quelques milliers d’années avant notre ère, dans l’Égypte ancienne, l’imitation décorative fut en vogue et très au point. Il est aussi désormais évident que c’est par l’héritage culturel des Égyptiens que la civilisation Grecque adopte la pratique du décor mural, dans les villas patriciennes par exemple, et la transmet à son tour aux Romains.
Au moyen âge, la plupart des peintures sont consacrées à la glorification chrétienne et à l’édification des croyants. C’est seulement au trecento, en Flandres et en Italie, que renait l’art profane, comme celui du portrait.
Fin XVe siècle en Italie -quatrocento-, la redécouverte de l’antiquité remet au goût du jour les arts et lettres des Romains. A Florence, à Rome, outre les architectes et les sculpteurs, les peintres ( Ghirlandaio, Botticelli, Michel ange, Raphaël,… etc) qu’inspirent la culture gréco-romaine, les fresques de Pompéï, d’Herculanum, et les lois de la perspective, ornent les palais de somptueuses peintures murales – voir ci dessus : Sous l’égide du pape Jules II, qui orchestre la “restoratio” et “renovatio” de la grandeur de la Rome Antique, née sous le pinceau de génie de Raphaël, entre autres le “grand genre” ou peinture d’histoire, mais aussi la peinture décorative, notamment le très connu décor de grotesque de la logetta du Vatican. Ces œuvres de la renaissance Italienne seront aussi une source d’inspiration pour la renaissance Française et pour toute l’Europe.