Dans un appartement parisien, restauration du décor de style néogothique : imitation bois

AVANT : Sur les boiseries couvrant murs et plafond, imitation de bois (noyer) de « facture » modeste
un décor très endommagé.

APRÈS : Le nettoyage en conservation, les retouches, le revernissage en totalité, ainsi que la réalisation de filets dorés ont bien rénové les boiseries en faux bois, tout en respectant l’aspect ancien.

Le style néogothique

Le style néo-gothique est un style architectural né au milieu du XVIIIème siècle en Angleterre. Avec la montée du romantisme, certains amateurs éclairés tels Horace Walpole ou William Beckford ont fortement contribué à l’émergence d’un engouement pour le Moyen Age, les Arts médiévaux et le pittoresque qui devint une nouvelle qualité esthétique. On se souvient de Fonthill Abbey ou Strawberry Hill, charmantes folies au luxe abondant. Au XIXème siècle, le néo-gothique acquit sa renommée grâce aux œuvres de Pugin et de Ruskin. La construction de style Néo-Gothique la plus célèbre de Pugin est la Chambre des Parlements de Londres construite entre 1836 et 1852.

Au XIXème siècle, ce mouvement a une importante influence en Europe et en Amérique du Nord.

En France, la Révolution a rompu avec le passé chrétien et monarchique français, dont la conséquence a été un grand traumatisme social. La nostalgie du passé national et celle d’un passé rêvé deviennent alors une source d’inspiration nouvelle.

Malgré la faveur de la redécouverte du Moyen Âge, qui s’était notamment traduit par la peinture de style Troubadour (salon 1802) qu’appréciait l’impératrice Joséphine, il faut attendre la Restauration pour que le style néo-gothique connaisse un véritable épanouissement dans les arts. En effet, les goûts personnels de Napoléon avaient quelque peu freiné cet essor, lui préférant l’Antiquité. La Restauration est ainsi l’occasion pour de jeunes architectes, notamment Jean-Baptiste-Antoine Lassus, de renouer avec le style Gothique français des XIIè et XIIIè siècles.

Le style néo-gothique trouve dans l’architecture un fort épanouissement avec notamment Prosper Mérimée, secrétaire de la toute nouvelle Commission des Monuments Historiques, et Eugène Viollet-le-Duc qui entreprend la restauration de nombreux bâtiments gothiques français, comme Notre-Dame de Paris, l’abbatiale de Vézelay ou la Cité de Carcassonne. Ainsi, on renonce à la symétrie et on s’inspire de l’architecture médiévale, les maisons sont dotées de bardages verticaux et de pignons de bordure très ouvragés. Les bâtiments publics, les églises et les grandes demeures bourgeoises sont ornés de créneaux, de flèches et de gargouilles.

Au XIXè siècle, plusieurs édifices furent bâtis dans le style Néo-Gothique comme la basilique Sainte-Clotilde à Paris (1846-1857) ou la Chapelle Royale de Dreux (1839-1845).

L’ameublement et les objets d’art subissent également cette influence néo-gothique, les artistes s’inspirent des formes et décors d’un gothique flamboyant du XVème siècle très approximatif, baptisé « à la cathédrale ». L’influence la plus importante dans le domaine du mobilier Néo-Gothique est sans aucun doute celle de l’atelier de Marie d’Orléans aux Tuileries. La princesse, deuxième fille du roi Louis-Philippe fut une artiste romantique accomplie, qui s’épanouit dans l’art de la sculpture. Fortement impressionnée par ses lectures d’ouvrages d’histoire et de romans, elle fit réaménager le salon de son appartement des Tuileries par l’architecte Charpentier, en 1835, dans le goût gothique, pour donner un écrin à ses œuvres. Charpentier propose ainsi pour ce salon un plafond à caissons de style Renaissance, une corniche en bois sculpté, tentures et vitraux. Des meubles anciens achetés à des marchands spécialisés et d’autres neufs vinrent compléter cet ensemble. Ces derniers furent créés, d’après les dessins de Théodore Charpentier, par le sculpteur ornemaniste Michel-Victor Cruchet et le menuisier Charles-François Petit.*

*Marc Maison