FAUX MARBRE : restitution de décor

FAUX MARBRE : restitution de décor

Restitution de décor faux marbre

Restitution de décor de faux marbre interprété, sur 7 panneaux et sur les plinthes d’un vestibule parisien,
avec imitation de bronze sur les médaillons.

En collaboration avec Bernard Barbier et Firmin Biville.
crédit photos : Firmin Biville

LE FAUX MARBRE

par Sabine Allouche
« Bulletin du centre de recherche du château de Versailles »

Les effets décoratifs et finitions exécutés dans les châteaux, les demeures bourgeoises ou les édifices religieux au cours des siècles furent d’une très grande variété. Parmi les mélanges de matières et de couleurs, les imitations de pierre brute, de brique, de bois, de marbre, côtoyèrent bien souvent leurs homologues naturels. L’une d’entre elles fut souvent réalisée au cours des XVIIème et XVIIIème siècles. Elle simule un matériau précieux, employé tant dans la construction que la décoration, apprécié pour les variations de ses dessins et de ses couleurs : le marbre.

Marbre feint, marbre peint, marbre artificiel, marbrure, stuc marbré, faux marbre… tant de termes différents pour désigner un décor, alors qu’un mot suffit à évoquer le naturel. Pourtant, l’imitation est née de l’original, quasiment en même temps que son utilisation et son emploi dans les demeures et les édifices religieux. Les premiers exemples apparaissaient dès l’Antiquité. Au cours des siècles, cette pratique n’a fait que perdurer et s’améliorer, tout en étant de plus en plus dépréciée.

Au cours de ces deux siècles, des traités de décoration intérieure, d’architecture ou de réflexions sur l’art de bâtir et d’orner les édifices apparaissent en grand nombre. L’esprit des Lumières aidant, les différentes techniques employées pour marbrer les murs, les dorer ou les bronzer, voient le jour dans la plupart de ces ouvrages. Le décor dans l’architecture intérieure est de plus en plus théorisé, l’emploi des matériaux feints n’échappe pas à cet élan.

Les ornements feints sont réalisés essentiellement sur les lambris, les plinthes, les chambranles de portes et les embrasures de fenêtres. Ils peuvent parfois orner les plafonds, les cheminées et le mobilier. Ils sont exécutés dans toutes les pièces de la maison, excepté les communs. Selon la magnificence du lieu, le faux marbre peut être employé dans les antichambres et les salons secondaires, alors que dans les pièces d’apparat et les pièces principales, ce sont des matériaux précieux qui sont utilisés. À l’inverse, le faux marbre est exécuté dans les pièces d’apparat des demeures secondaires, car ce sont des ornements de moindre importance qui sont réalisés dans les pièces mineures. Le décor doit être de plus en plus riche, il faut aller du moins au plus orné, « on doit passer de la simplicité à la richesse ».

Les matériaux feints peuvent être employés comme fond décoratif sur les lambris, en peinture à impression ; en trompe-l’œil, intégrés dans un décor, comme cela est très souvent le cas dans les vestibules d’entrée ou les cages d’escaliers, soit en bas-reliefs placés dans les soubassements des salles à manger, des antichambres et des salons.

RESTAURATION de stuc-marbre

RESTAURATION de stuc-marbre

Restauration de stuc-marbre et réalisation de faux marbres 

Dans les parties communes d’un immeuble du premier arrondissement de Paris, nous  avons effectué des restitutions et retouches sur les boiseries en imitation acajou et sur les stuc- marbre endommagés. Quant aux prises et gaines électriques renouvelées, nous les avons intégrées en imitation marbre.

La rénovation des stuc-marbre de tout l’escalier est réalisée
par l’atelier ART MURAL, de Christophe Gabriel

Stuc-marbre : au-delà d’une technique, un art véritable…

Le stuc marbre à partir de pains de plâtre à mouler et de couleurs.

Aujourd’hui peu mis à contribution en « création » décorative, le savoir-faire ancien du stuc marbre est surtout utilisé pour la restauration du patrimoine historique. Le point sur une technique dont la transmission est assurée par une quarantaine de spécialistes en France.
Imitation parfaite du marbre, le stuc marbre est réalisé  à partir d’un liant plâtre, tout comme le stuc-pierre. Il ­diffère en cela de la seconde grande famille de stucs qui fait appel à un liant chaux grasse (stuc romain, vénitien, etc.). Souvent, les professionnels maîtrisent les deux techniques. Ayant connu des succès variables selon les modes, le stuc marbre a cependant été mis en œuvre dans de nombreux édifices ­religieux ou profanes européens, sur de longues périodes. De la fin de la Renaissance à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, avec un véritable « boom » au XIXe siècle.
Avec l’exploitation industrielle des carrières (tir à l’explosif, mécanisation), le temps n’est plus où le stucateur partait repérer la strate de gypse très pur et très blanc, voire la précieuse poche d’albâtre gypseux translucide, qu’il cuirait ensuite dans un four (type four de boulanger) à l’abri de tout contact avec le combustible. Le stuc marbre nécessite en effet l’utilisation d’un plâtre très pur, très blanc et très fin. Ceux d’aujourd’hui sont souvent un peu jaunes ou gris…

Pas de poudre de marbre dans le stuc marbre !

Contrairement à une idée ­largement répandue, le stuc marbre ne contient pas de poussières de marbre : cette caractéristique est propre au stuc à la chaux et elle est même indispensable pour assurer ­l’homogénéité du matériau. Il est vrai qu’on trouve de la graine de pierre dans le stuc-pierre, mais jamais dans le stuc-­marbre. La formule de ce dernier est simple : plâtre à mouler, pigments naturels ou chimiques pour le colorer, colle de peau et eau. La pureté de la colle de peau et son bon dosage sont des paramètres importants pour la qualité et la longévité des stucs. Certaines erreurs ont été commises et ont ­entraîné des ­fissurations dans les stucs-­marbre à la colle de peau réalisés au XIXe siècle, avant ­l’apparition du plâtre aluné. Ces problèmes sont d’autant plus surprenants qu’on ne les rencontre pas dans les stucs-marbre réalisés au XVIIIe siècle. La raison en est peut-être l’utilisation d’un produit de mauvaise qualité, résultant du recyclage de gélatines déjà utilisées plusieurs fois en moulage de staff. ­*

*  Cahiers Techniques du Bâtiment N°236

ARTICLE : les enduits décoratifs

ARTICLE : les enduits décoratifs

Créer sa propre ligne d’enduits décoratifs par Bernard Barbier peintre décorateur

Dans les enseignes spécialisées, les enduits décoratifs prêts à l’emploi sont désormais très variés et attrayants, mais leur mise en œuvre standardisée laisse peu de marge à la créativité personnelle.
Les travaux présentés sont le fruit de recherches en atelier. Ils ne nécessitent que des matériaux de bâtiment courants (que l’on trouve chez n’importe quel fournisseur) et peu onéreux ; ce qui rend ces enduits très compétitifs, mais surtout plus originaux.

Le peintre-décorateur connaissant bien ces produits, il lui suffit d’en détourner l’emploi pour proposer à sa clientèle un effet innovant et personnalisé, qu’elle appréciera.
Voici quelques pistes pour sortir des sentiers battus. A vous ensuite de développer votre propre ligne de produits, à votre propre main, et pourquoi pas, d’impulser la nouvelle tendance !

La préparation des fonds

Les matiérages étant assez épais, il n’est pas nécessaire d’avoir des fonds parfaitement lisses. Trous et fissures devront être préalablement traités comme il convient, et les enduits de rebouchage imprimés.
Si les fonds sont colorés, il faut les imprimer en blanc (à l’huile ou à l’acrylique).

Enduit matière et patine au couteau, mise en œuvre

L’enduit décoratif est composé d’enduit matiéré, d’un bel aspect mat velours, et de peintures acryliques teintées appliquées au couteau américain.
On peut également enrichir les patines par des  panneautages originaux, des

filets ou des pochoirs en volumes. 

• Le matiérage

Les matiérages sont réalisés avec l’enduit mixte de marque Impec.
Si de l’huile de lin surnage au-dessus de l’enduit, ne pas la mélanger à l’enduit, mais la jeter : vu l’épaisseur du matiérage, il vaut mieux réduire le temps de séchage.
Matériel: couteaux à enduire de 14, White Spirit, chiffons, papier de verre moyen.
Étaler l’enduit généreusement (2 à 3 mm) toujours verticalement, par bandes de 30 cm de large environ.
Procéder au matiérage sans attendre : marquer l’enduit dans son épaisseur avec un couteau propre 
par touches verticales irrégulières et se chevauchant par endroits, puis aplanir délicatement avec un couteau large, en ne cassant pas les dessins obtenus, et sans laisser de «sardines» disgracieuses.

Procéder de même, bande par bande, jusqu’à traiter la totalité de la surface. Laisser sécher 48 heures minimum, puis poncer, toujours verticalement de façon à ce que l’enduit soit doux au toucher.

• Patine au couteau (voir photos 5 et 6)

Matériel : couteaux américains de 8 cm, 3 pots avec couvercle pour conserver les teintes.
Préparer 3 teintes à base de peinture acrylique mate – Montyl de chez Guittet – colorée par des surteints.
Les exemples ci-joints sont composés de:
− première teinte : Bleu outremer + une pointe de noir
− deuxième teinte : Gris assez clair
− la valeur de cette dernière teinte doit être plus claire que la précédente : Vert + Terre de Sienne naturelle.

Avec un peu de la première teinte sur un couteau de 8 cm (commencer par la plus foncée et finir par la plus claire), faire un passage verticalement, par touches espacées, afin de laisser avec régularité des parties sans peinture, en veillant à une répartition équilibrée sur toute la surface.
De même, faire un passage avec la deuxième teinte, puis la troisième, chaque passage de teinte ne recouvrant que partiellement le passage précédent.
L’unité harmonieuse de la réalisation tient à l’équilibre des valeurs et des teintes.

Quelques conseils pour le chantier

− Rechercher et mettre en place des échantillons préalablement sur des plaques de médium.
− Fabriquer les teintes en quantité suffisante pour l’ensemble de la surface (il est difficile de retrouver une teinte identique en cours de travaux).
− Si les teintes paraissent un peu trop liquides pour être appliquées au couteau, ajouter du blanc de Meudon (10 %).
− Pour une salle de bains, protéger cet enduit avec un vernis acrylique mat.
– Une fois les travaux terminés, conservez vos teintes soigneusement référencées en atelier pour les éventuelles retouches ultérieures.

Pour en savoir plus sur le sujet :
Cours de 
Bernard Barbier à l’école  d’art mural de Versailles 

 LIVRE : « Les effets décoratifs » 

 LIVRE : « Les effets décoratifs » 

de Joëlle Godefroid et Bernard Barbier est paru en 2008, aux éditions Fleurus

C’est un guide complet à l’usage des débutants pour s’approprier des téchniques professionnelles de peinture décorative, des bons usages et trucs de métier. On peut y apprendre, décrit pas à pas avec rigueur et précision comment décorer des meubles et objets avec une quinzaine de fausses matières classiques : du cuir, parchemin, écaille de tortue, ou imitation de marqueteries de bois, de marbres, des pochoirs, aux effets de dorures, vraies et fausses.

Nous l’avons réalisé avec des conseils vraiment facile à suivre,
afin qu’il permette de découvrir l’agrément du decor peint.

Pour le commander sur Amazon 

Décors peints sur des portes

Décors peints sur des portes

Certains de nos décors peints sur portes

Présentation non exhaustive de nos différentes réalisations : en patines, faux bois, trompe l’œil, ornementations, dorures, fausses moulures et effets de matières.

Tous ces décors peints sur portes sont conçus et réalisés par nos soins, sans sous-traitance.

Il est fréquent, pour des petites surfaces telles des portes, que nous prenions également en charge la préparation des supports ceci afin d’éviter l’intervention de plusieurs équipes pour notre clientèle, de même que le vernissage des décors peints, indispensable pour leur assurer protection et durabilité. Les vernis peuvent être d’aspect mat, satin ou brillant selon l’esthétique voulue.

La dernière photo est un détail du panneau primé au titre de Meilleur Ouvrier de France.

Par Joëlle Godefroid, Meilleur Ouvrier de France

A quand remonte la peinture décorative et le métier de Peintre en décors? Sur ce sujet, les théories les plus diverses peuvent être lues. Cependant, je n’ai encore pu découvrir aucun historien des styles sur qui s’appuyer.

Il ne faut pas prendre toutes les peintures murales pour des peintures à but décoratif. Aussi magnifiques soient-elles à nos yeux, la fonction des peintures propitiatoires des grottes de la préhistoire, telle Lascaux, ou celles, à caractère sacré* des tombeaux égyptiens, temples incas ou églises, n’a qu’un très lointain rapport avec la seule finalité d’ornement et d’agrément du trompe l’œil et de la mise en valeur d’un intérieur.

Nous savons, grâce à la découverte** de mobiliers peints en décors, que quelques milliers d’années avant notre ère, dans l’Égypte ancienne, l’imitation décorative fut en vogue et très au point. Il est aussi désormais évident que c’est par l’héritage culturel des Égyptiens que la civilisation Grecque adopte la pratique du décor mural, dans les villas patriciennes par exemple, et la transmet à son tour aux Romains.

Au moyen âge, la plupart des décors peints sont consacrées à la glorification chrétienne et à l’édification des croyants. C’est seulement au trecento, en Flandres et en Italie, que renait l’art profane, comme celui du portrait.

Fin XVe siècle en Italie -quatrocento-, la redécouverte de l’antiquité remet au goût du jour les arts et lettres des Romains. A Florence, à Rome, outre les architectes et les sculpteurs, les peintres  (Ghirlandaio, Botticelli, Michel ange, Raphaël,… etc) qu’inspirent la culture gréco-romaine, les fresques de Pompéï, d’Herculanum, et les lois de la perspective, ornent les palais de somptueux   décors peints -voir ci dessus : Sous l’égide du pape Jules II, qui orchestre la « restoratio » et « renovatio » de la grandeur de la Rome Antique, née sous le pinceau de génie de Raphaël, entre autres le « grand genre » ou peinture d’histoire, mais aussi la peinture décorative, notamment le très connu décor de grotesque de la logetta du Vatican***. Ces œuvres de la renaissance Italienne seront aussi une source d’inspiration pour la renaissance Française et pour toute l’Europe.

Il semble qu’à cette époque, le peintre, aussi fameux fût-il, était considéré à l’égal des autres corps de métier manuel, c’est à dire comme un artisan; aux grands ou petits maîtres étaient faites des commandes aux exigences extrêmement précises (définition de la scène, du nombre de personnages, d’objets, de l’or et couleurs utilisées, ainsi que leurs poids, …etc ). Bien qu’après la Renaissance, à la faveur de leur succès, ils obtiennent le statut privilégié d’artiste, les peintres, qu’ils soient Flamands, Italiens, Espagnols, ou Français, sont restés des courtisans attachés de façon exclusive à un riche mécène.

Durant les trois siècles suivants, les cours d’Europe ayant à cœur d’éblouir -autant que d’améliorer leur confort- vont rivaliser dans l’art de bâtir et d’orner. Des désirs, voire des caprices royaux sont nés les plus grands styles, ainsi que tous les précieux métiers d’arts qui participent à leur édification. Dans tous les domaines de l’art, de générations en générations, s’accumulent et se transmettent l’expérience, la compétence, et l’ingéniosité de nouvelles créations de décors peints dont les nobles raffolent.

Dès le début du XVIIIe siècle, à la fin du règne de Louis XIV, la noblesse de cour, lasse de la rigidité de l’étiquette, aménage des hôtels particuliers parisiens d’un luxe raffiné et frivole, dans lesquels s’épanouissent les plaisirs de »faire salon », bientôt copiés à moindre échelle, par une bourgeoisie subitement parvenue. Ce contexte particulièrement favorable fait fleurir les métiers d’art, et la créativité artistique. C’est à cette époque par exemple, qu’est créé l’art des papiers peints, dont les manufactures sont encore célèbres (Réveillon, Zuber), afin de démocratiser les « panoramiques » par un moindre coût.

A la 2e moitié du XVIIIe siècle, grâce aux voyages d’études d’hommes de l’art à Rome et en Grèce, le renouveau de la passion pour l’antique, le néoclassicisme, qui perdure jusqu’à l’Empire avec le goût Pompéien, maintient une certaine activité artistique et artisanale, malgré les difficultés économiques.

Au XIXe siècle, sévit la mode de reproduction ou recréation des grands styles du passé (Décors peints du Palais Garnier, salle Charles X du Musée du Louvre, cathédrale de Clermont Ferrand, « grammaire des style »**d’Owen Jones). D’un côté, la protection – entre autres par M. Prosper Mérimée- et la « restauration » du patrimoine (château de Pierrefonds, de Blois par Violet le Duc, grand salon de l’Hôtel de Toulouse, actuelle Banque de France, Abbaye de St Savin****…), de l’autre, l’émergence d’une société bourgeoise enrichie désireuse de reproduire dans ses demeures et appartements, les fastes des décors peints d’autrefois, ont favorisé l’éclosion du métier de peintre en décors; métier distinct du peintre de chevalet, non sans que certains artistes ne réalisent encore des décors peints, dont certains sont célèbres ( Degas, Delaunay, Matisse…). Puis, l’engouement allant croissant, s’ouvrent les premières écoles spécialisées ( Ecole Van der Kelen, Bruxelles).