RESTAURATION D’UN PLAFOND PEINT DU XIXe SIÈCLE

RESTAURATION D’UN PLAFOND PEINT DU XIXe SIÈCLE

Restauration de plafond en décor peint du XIXe siècle, avec ornementations sur patine de ton céladon


Dans une très belle entrée d’un immeuble Parisien, cette restauration d’un plafond peint a été réalisée en collaboration avec Christophe Rage. Pour des questions de budget, il nous a été demandé une restauration à minima, aussi ne pouvions nous pas refaire entièrement ;

Nous avons donc restauré visuellement les fissures, qui courent tout le long des 3 plafonds, surement dues à un défaut structurel, et les ornementations.

Les plafonds peints au Moyen Age (Le magazine digital du patrimoine)


Les décors peints sur les plafonds médiévaux n’ont jusqu’à maintenant que rarement suscité l’intérêt des historiens et des historiens de l’art. Ils offrent pourtant à notre regard une savoureuse auto-représentation de la société médiévale. Le patrimoine de l’Aude occupe une place à part dans cette « découverte » d’un Moyen Âge plus proche par sa précocité et par son abondance.

Au cours des derniers siècles du Moyen Âge, les images ont progressivement gagné l’univers domestique. Et pas seulement celui des couches les plus aisées de la société féodale : récipients de terre cuite imagés dès le XIIIe siècle, estampes au siècle suivant, prirent de plus en plus de place dans les demeures. La marche vers l’omniprésence de l’image avait commencé ! Des vaisselles fragiles, des sols et des murs, soumis à l’usure, peu d’images nous sont parvenues. Restent par contre celles de quelques plafonds. Si peu d’entre eux sont intacts, ils sont suffisamment significatifs et nous apparaissent tels de grands albums d’images (voir vidéo ci-dessous) où observer la société médiévale telle qu’elle s’est elle-même représentée.

RICHESSE ET DIVERSITÉ

L’ancienne province de Languedoc et le Comtat Venaissin sont encore particulièrement riches en plafonds peints datant de l’époque médiévale. Mais c’est dans tout l’arc méditerranéen, du Frioul jusqu’au royaume d’Aragon, en passant par l’Auvergne, la Savoie et le Piémont, qu’ils se sont propagés dès la fin du XIIIe siècle. Dans ce champ géographique et historique, le département de l’Aude mérite une place à part, tant le nombre de plafonds peints qui y sont conservés est important. En outre, leur variété permet, sans quitter le département, d’avoir un échantillonnage très significatif de l’évolution de cette mode décorative, si riche d’informations sur la vie médiévale. Luxueusement ornés, de tels plafonds ont constitué des éléments clés du décor signifiant des demeures.

Détail d’un plafond du château de Pomas peint à la fin du XVe siècle. Même si l’héraldique demeure présente, les goûts en matière de décor évoluent. Des figures au caractère maniériste italien affirmé voisinent désormais avec des thèmes typiques du répertoire bas-médiéval languedocien, tels ces portraits de personnages habillés en fous.

Les églises n’ont pas échappé à cette mode. Les plafonds des nefs à couverture en bois sur arc diaphragme du Midi languedocien, assez nombreuses, sont souvent décorés. Ces peintures restent encore à étudier bien qu’on commence à mieux percevoir le rôle du décor des plafonds domestiques. Ils semblent avoir couvert prioritairement des espaces semi-publics dans des demeures de notables locaux : salles d’apparat recevant à l’occasion des fêtes, des assemblées politiques ou encore des lits de justice… Peut-être certains ont-ils été réalisés pour des espaces plus intimes, mais les études sont encore trop rares pour en avoir une vision claire. L’émerveillement, toujours recherché dans la réalisation d’un tel plafond, doit beaucoup à son abondante mouluration, richement peinte.

FAUX MARBRES : Brèche de Sarravezza et Vert Campan en trompe l’oeil

FAUX MARBRES : Brèche de Sarravezza et Vert Campan en trompe l’oeil

Détail du trompe l’œil du pilastre sur le panneau de meilleur ouvrier de France de Joëlle Godefroid

Le socle et le chapiteau sont en fausse pierre, le fût en imitation de marbre Brèche de Serravezza.
De part et d’autre, détail des champs en Vert Campan.

La brèche de Serravezza est un marbre de composition forte, tout en étant de tons doux et éteints, dans lequel, en contraste aux tons d’ocres nuancés plus clairs, le brun-violet domine. Les masses foncées dessinent des lits bien distincts, bordées de cailloux anguleux, allongés et clairs, reliées les unes aux autres par un réseau de fins veinages. Les dessins en sont très variés, pas toujours de lits parallèles

L’intérieur des masses est de tons nuancés, parsemé de petits cailloux, allongés quelquefois, et finement veiné en délicats réseaux de tons allant du blanc gris, en passant par l’ocre jusqu’au gris-noir, ce qui le rend vivant et varié.
Inversement, dans les masses claires, les veinages allant du beige très doux, passant des gris au brun-violet, créent des cailloux de plus en plus légers et lâches en son mitan.

En utilisation en contre-passe, de préférence pour les petites surfaces, les cailloux foncés sont alors plus petits et plus nombreux, allant jusqu’à presque couvrir l’espace.

PROVENANCE : Serravezza, Carrare, Italie

EPOQUE : 19eme siècle

UTILISATION : exemple au palais Garnier, pilastres du foyer du grand escalier

Le faux marbre est une des spécialités de notre atelier

FAUX MARBRE : restitution de décor

FAUX MARBRE : restitution de décor

Restitution de décor faux marbre

Restitution de décor de faux marbre interprété, sur 7 panneaux et sur les plinthes d’un vestibule parisien,
avec imitation de bronze sur les médaillons.

En collaboration avec Bernard Barbier et Firmin Biville.
crédit photos : Firmin Biville

LE FAUX MARBRE

par Sabine Allouche
« Bulletin du centre de recherche du château de Versailles »

Les effets décoratifs et finitions exécutés dans les châteaux, les demeures bourgeoises ou les édifices religieux au cours des siècles furent d’une très grande variété. Parmi les mélanges de matières et de couleurs, les imitations de pierre brute, de brique, de bois, de marbre, côtoyèrent bien souvent leurs homologues naturels. L’une d’entre elles fut souvent réalisée au cours des XVIIème et XVIIIème siècles. Elle simule un matériau précieux, employé tant dans la construction que la décoration, apprécié pour les variations de ses dessins et de ses couleurs : le marbre.

Marbre feint, marbre peint, marbre artificiel, marbrure, stuc marbré, faux marbre… tant de termes différents pour désigner un décor, alors qu’un mot suffit à évoquer le naturel. Pourtant, l’imitation est née de l’original, quasiment en même temps que son utilisation et son emploi dans les demeures et les édifices religieux. Les premiers exemples apparaissaient dès l’Antiquité. Au cours des siècles, cette pratique n’a fait que perdurer et s’améliorer, tout en étant de plus en plus dépréciée.

Au cours de ces deux siècles, des traités de décoration intérieure, d’architecture ou de réflexions sur l’art de bâtir et d’orner les édifices apparaissent en grand nombre. L’esprit des Lumières aidant, les différentes techniques employées pour marbrer les murs, les dorer ou les bronzer, voient le jour dans la plupart de ces ouvrages. Le décor dans l’architecture intérieure est de plus en plus théorisé, l’emploi des matériaux feints n’échappe pas à cet élan.

Les ornements feints sont réalisés essentiellement sur les lambris, les plinthes, les chambranles de portes et les embrasures de fenêtres. Ils peuvent parfois orner les plafonds, les cheminées et le mobilier. Ils sont exécutés dans toutes les pièces de la maison, excepté les communs. Selon la magnificence du lieu, le faux marbre peut être employé dans les antichambres et les salons secondaires, alors que dans les pièces d’apparat et les pièces principales, ce sont des matériaux précieux qui sont utilisés. À l’inverse, le faux marbre est exécuté dans les pièces d’apparat des demeures secondaires, car ce sont des ornements de moindre importance qui sont réalisés dans les pièces mineures. Le décor doit être de plus en plus riche, il faut aller du moins au plus orné, « on doit passer de la simplicité à la richesse ».

Les matériaux feints peuvent être employés comme fond décoratif sur les lambris, en peinture à impression ; en trompe-l’œil, intégrés dans un décor, comme cela est très souvent le cas dans les vestibules d’entrée ou les cages d’escaliers, soit en bas-reliefs placés dans les soubassements des salles à manger, des antichambres et des salons.

ARTICLE : Livre de Pierre Lefumat

ARTICLE : Livre de Pierre Lefumat

Il faut remercier les éditions VIAL pour avoir rendu justice à la compétence de ce Maitre de l’Art de l’imitation des marbres qu’est M. Lefumat. Je tiens aussi à leur exprimer notre profonde gratitude aussi pour faire connaitre et reconnaitre ce beau métier qui est le nôtre en diffusant des œuvres de grande valeur. On ne pouvait aussi trouver meilleur titre que celui de ce livre qui pourra permettre d’appréhender jusqu’à quel degré de qualité la passion de cet ART peut mener.

Nous tenons à exprimer notre profond respect et estime à M. Lefumat, qui à l’âge où l’on devrait aspirer à quelque repos mérité,  a ménagé si  peu ses efforts généreux, pour transmettre comme il l’a toujours fait et partager avec tous. Son enthousiasme dans l’enseignement des faux marbres était vraiment communicatif, ses compétences sont source d’inspiration et d’aspiration à devenir meilleur.

Au Japon, grâce à mon mari, j’ai eu l’honneur de rencontrer de grands maitres d’arts martiaux. Ils ont en commun, au delà de la maitrise supérieure de leur art,  une grande valeur humaine, la modestie et la sagesse acquise à la longue expérience des difficultés et combats intérieurs surmontés avec succès.  Il est bien regrettable que la France, au contraire du Japon, n’ait pas reconnu les métiers d’art qui font sa gloire, en M. Pierre Lefumat, par un titre honorifique semblable au « trésor national vivant », lequel j’en suis sûre, aurait été  bien mérité, pour services rendus à son pays et ses pairs.

Très sincèrement,
Joelle Godefroid-Tsukada

 

OBJETS PEINTS : différentes imitations bronze

OBJETS PEINTS : différentes imitations bronze

décor de materiau noble : le bronze

Que ce soit sur les sculptures ou sur les objets, les imitations de beaux matériaux apportent une valeur ajoutée, si le trompe l’œil fait effet, tout en s’inscrivant harmonieusement dans le décor intérieur :

  • Imitation de bronze très doux sur les cariatides de haut de cheminée d’un immeuble du XIXe siècle, un ensemble assez exceptionnel.
  • Sur une lanterne, réalisation d’une Imitation bronze patiné de vert de gris.
  • Imitation bronze doré avec vert de gris sur une copie en ronde bosse d’une des sculptures de la Fontaines de innocents, place des Halles, à Paris.

 

Objets peints réalisés en atelier

LE BRONZE EN DECORATION INTERIEURE

Le bronze est un alliage de cuivre, et pas n’importe lequel puisque c’est le premier alliage créé par l’humanité. Il donne d’ailleurs son nom à une période de la protohistoire : l’Âge de Bronze (de 2200 à 800 avant notre ère). Le fait qu’il soit en usage depuis des millénaires lui vaut donc d’être associé à des objets précieux et ancien. 
Le bronze est souvent confondu avec le laiton ; qui en effet lui ressemble, quoique plus clair et jaune, parfois appelé bronze vénitien ou encore bronze florentin. . 

Le bronze peut être d’aspect rayé, poli, martelé, oxydé. Sa couleur de fond est proche des tons marron, tirant vers le jaune, le rose voire le vert, avec de nombreuses nuances vert de gris et doré, si c’est un effet de bronze patiné.

À la fois chaleureux, paisible et très élégant, le décor bronze s’associe heureusements aux poignées de portes, aux tringles à rideaux, aux cadres de miorirs de décors classiques, comme aux luminaires de décors contemporains.

RESTAURATION de stuc-marbre

RESTAURATION de stuc-marbre

Restauration de stuc-marbre et réalisation de faux marbres 

Dans les parties communes d’un immeuble du premier arrondissement de Paris, nous  avons effectué des restitutions et retouches sur les boiseries en imitation acajou et sur les stuc- marbre endommagés. Quant aux prises et gaines électriques renouvelées, nous les avons intégrées en imitation marbre.

La rénovation des stuc-marbre de tout l’escalier est réalisée
par l’atelier ART MURAL, de Christophe Gabriel

Stuc-marbre : au-delà d’une technique, un art véritable…

Le stuc marbre à partir de pains de plâtre à mouler et de couleurs.

Aujourd’hui peu mis à contribution en « création » décorative, le savoir-faire ancien du stuc marbre est surtout utilisé pour la restauration du patrimoine historique. Le point sur une technique dont la transmission est assurée par une quarantaine de spécialistes en France.
Imitation parfaite du marbre, le stuc marbre est réalisé  à partir d’un liant plâtre, tout comme le stuc-pierre. Il ­diffère en cela de la seconde grande famille de stucs qui fait appel à un liant chaux grasse (stuc romain, vénitien, etc.). Souvent, les professionnels maîtrisent les deux techniques. Ayant connu des succès variables selon les modes, le stuc marbre a cependant été mis en œuvre dans de nombreux édifices ­religieux ou profanes européens, sur de longues périodes. De la fin de la Renaissance à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, avec un véritable « boom » au XIXe siècle.
Avec l’exploitation industrielle des carrières (tir à l’explosif, mécanisation), le temps n’est plus où le stucateur partait repérer la strate de gypse très pur et très blanc, voire la précieuse poche d’albâtre gypseux translucide, qu’il cuirait ensuite dans un four (type four de boulanger) à l’abri de tout contact avec le combustible. Le stuc marbre nécessite en effet l’utilisation d’un plâtre très pur, très blanc et très fin. Ceux d’aujourd’hui sont souvent un peu jaunes ou gris…

Pas de poudre de marbre dans le stuc marbre !

Contrairement à une idée ­largement répandue, le stuc marbre ne contient pas de poussières de marbre : cette caractéristique est propre au stuc à la chaux et elle est même indispensable pour assurer ­l’homogénéité du matériau. Il est vrai qu’on trouve de la graine de pierre dans le stuc-pierre, mais jamais dans le stuc-­marbre. La formule de ce dernier est simple : plâtre à mouler, pigments naturels ou chimiques pour le colorer, colle de peau et eau. La pureté de la colle de peau et son bon dosage sont des paramètres importants pour la qualité et la longévité des stucs. Certaines erreurs ont été commises et ont ­entraîné des ­fissurations dans les stucs-­marbre à la colle de peau réalisés au XIXe siècle, avant ­l’apparition du plâtre aluné. Ces problèmes sont d’autant plus surprenants qu’on ne les rencontre pas dans les stucs-marbre réalisés au XVIIIe siècle. La raison en est peut-être l’utilisation d’un produit de mauvaise qualité, résultant du recyclage de gélatines déjà utilisées plusieurs fois en moulage de staff. ­*

*  Cahiers Techniques du Bâtiment N°236